Guy Patin a parlé à plusieurs reprises de ce jeune Allemand dénommé Elsner, natif de Breslau (Wroclaw, v. note [6], lettre de Charles Spon datée du 24 avril 1657) pendant un séjour d’une année qu’il fit à Paris en 1665-1666, où il était venu perfectionner ses connaissances médicales. Patin l’a prénommé Georg puis Joachim, et l’a mentionné à nouveau en 1669.
Joachim Georg Elsner s’installa à Breslau après avoir aussi étudié en Italie, il fut membre de l’Académie des Curieux de la Nature (v. note [1], biographie de Philipp Jakob Sachs von Lewenhaimb), publia quelques mémoires et ouvrages qui n’ont guère laissé de trace dans les bibliographies, et mourut en 1676. Z. in Panckoucke ajoute que c’est lui « qui a démontré le premier que le blanc de baleine existe dans la tête des cachalots ».
Il avait alors déjà disputé une thèse intitulée :
In Gloriam Emmanuelis ! Dissertatio physica de calido innato viventium, cumprimis vero animalium perfectiorum. Quam in illustri celeberrimaque ad Salam Academia, præside viro amplissimo, excellentissimo ac præclarissimo Dn. M. Casparo Posnero, Philosoph. Natural. Prof. publ. ordin. celeberrimo, Præceptore, Hospite et Patrono suo, nullo non honoris et observantiæ affectu jugiter devenerando, publico examini exponit Joachimus Georgius Elsner Vratislaviensis, ad d. xxiii. Decembr. horis locoque solitis.
[À la gloire d’Emmanuel ! {a} Dissertation physique sur la Chaleur innée des êtres vivants, mais en tout premier des animaux supérieurs. Joachim Georg Elsner, natif de Breslau l’a soumise à l’examen public le 23e jour de décembre, aux heures et lieu habituels, sous la présidence du très éminent, très remarquable et très brillant M. Caspar Posner, {b} très célèbre professeur public ordinaire de philosophie naturelle en l’Université de la Saale, son précepteur, hôte et protecteur, qu’il doit vénérer continuellement, non sans attachement pour l’estime et le respect qui lui sont dus]. {c}
- Le Messie.
- 1626-1700, professeur à Iéna sur la Saale.
- Iéna, Samuel Krebs, 1663, in‑4o en 56 articles.
On y lit à la fin cette louangeuse dédicace :
pereximio
elsnero
de
calido innato
publice
disserenti
feliciter
acclamat
Quod moliris opus, magnum est et nomine di-
artis Phœbeæ cultores inter haberi (gnum,
dum cupis, et vigili lustras indagine magni
pergamei Medici. Velut inter Luna minores
splendescit stellas, sic clara in gente medentum
emicat hoc sidus, multa et caligine septum
veri monstrat iter. Lustra vestigia porro
magna viri. Non pœnitat conjungere summi
dogmata Aristotelis, Coique senis venerandi.
Nec Paracelsum desistas venerarier. Illa
progressus, felice via grassatur ad artes.
Non labyrinthei poterunt hunc fallere circi.
Sic callida illustris satiabis vota parentis.
Tantorrum capies quaoque præmia digna laborum.
Guernerus Rolfincius
Ph. Med. D.P.P.
[Werner Rolfinck, docteur et premier professeur de philosophie et médecine, {a} acclame le très remarquable Elsner disputant publiquement avec bonheur sur la chaleur innée
Ce grand ouvrage que tu bâtis est à tenir pour digne d’un adorateur de l’art de Phébus, {b} car tu désires y explorer les recherches du vigilant médecin de pergame. {c} De même que la Lune luit parmi les planètes mineures, son astre resplendit sur la brillante famille de ceux qui remédient et, dans la profonde obscurité, balise leur cheminement vers la vérité. Explore donc de bout en bout les grandes traces qu’a laissées cet homme. Pourtant, ne te contente pas de conjuguer les dogmes de l’immense Aristote et du vénérable vieillard de Cos, {d} ne néglige pas d’honorer aussi Paracelse. {e} C’est par cette voie qu’on progresse heureusement vers la connaissance des arts. Les cercles du labyrinthe ne pourront t’y égarer. Ainsi combleras-tu les vœux ardents de ton illustre père, {f} et cueilleras-tu aussi les dignes récompenses d’un si grand labeur]. {g}
- À Iéna.
- Apollon, divinité (entre autres) de la médecine (v. note [8], lettre 997).
- Galien.
- Hippocrate.
- Dans ma traduction de cette vive incitation à ajouter les enseignements de Paracelse (v. note [7], lettre 7) à ceux des antiques maître de la médecine, j’ai pris venerarier pour une forme atypique de l’infinitif venerari.
- Il s’agissait plus probablement du père spirituel d’Elsner (Caspar Posner, patron de sa thèse) que de son géniteur (inconnu).
- Si Patin a jamais lu cette exhortation, il n’a guère dû s’en réjouir car Rolfinck y reprochait gentiment à Elsner d’être trop galéniste.
|