À Charles Spon, le 18 octobre 1650, note 14.
Note [14]

Abel Brunier (ou Brunyer, Uzès 1573-Paris 14 juillet 1665), de confession protestante, avait été reçu docteur en médecine à Montpellier, puis s’était fixé à Paris, où Henri iv le fit le médecin de ses enfants. Brunier avait su se concilier l’estime et l’amitié des princes et à son avènement au trône, Louis xiii le nomma conseiller d’État. Richelieu avait ensuite placé Brunier auprès de Gaston Orléans. Il figure, dans l’état de la Maison de Monsieur établi en 1641, comme premier médecin, avec gages annuels de 2 000 livres, et comme médecin par quartier à 1 000 livres (Chéreau, Le Médecin de Molière, page 3). Le cardinal l’avait employé à plusieurs négociations importantes auprès des protestants du Languedoc. On n’a de Brunier que la description du jardin des plantes fondé à Blois par le duc d’Orléans (v. note [74], lettre 332) (O. in Panckoucke et P. Delaunay). Scarron l’a honoré de quelques vers :

« Son Altesse peu de temps but,
Car dessus ses jambes il chut
Une très douloureuse goutte,
Mais où nul vivant ne vit goutte,
Fût-ce Brunier, son médecin,
N’en déplaise à Jean Calvin.
C’est grand dommage que cet homme
Ne croie pas au pape de Rome,
Car à tout le monde il est cher,
Quoiqu’en carême mangeant chair. »

En date du 13 mars 1637, les Comment. F.M.P. (tome xiii, fo 46 ro) contiennent une lettre de Gaston d’Orléans au doyen Philippe Hardouin de Saint-Jacques pour solliciter la clémence de la Faculté en faveur du fils d’Abel Brunier à qui elle avait refusé l’inscription à l’examen du baccalauréat :

« À Monsieur de Saint-Jacques, doyen de la Faculté de médecine, à Paris.

Monsieur de Saint-Jacques, je vous écris cette lettre pour vous confirmer la prière que je vous ai faite en faveur du Sr Brunier, fils de mon premier médecin. Je désire que vous la croyiez autant affectionnée que je vous la saurais faire et que vous considériez que c’est pour une personne qui m’est en singulière recommandation. Je ne doute point que votre Compagnie n’y ait tout l’égard que je puis souhaiter lorsque vous lui ferez rapport de ce que je vous en mande, et comme je m’attends de recevoir en ce rencontre une preuve parfaite de leur affection envers moi. Je sais bien qu’il s’y peut offrir quelques difficultés, mais outre ma considération, le rang qu’il tient près de moi rendra cette affaire hors de toute conséquence. Je la remets donc tout entière à votre soin et au désir que vous avez, je m’assure, de me plaire en toute occasion, vous assurant que je serai bien aise qu’il s’en trouve quelqu’une où je puisse vous témoigner comme je vous estime, et que je suis véritablement,

Monsieur de Saint-Jacques,

votre bon ami,
Gaston. »

À l’exception de peu d’entre eux, les docteurs régents furent indifférents à la flatteuse supplique du prince et confirmèrent leur refus de permettre au jeune Brunier qu’il se présentât à l’examen (sans doute en raison de son calvinisme).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 octobre 1650, note 14.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0246&cln=14

(Consulté le 10/12/2024)

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