Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 2.
Note [2]

Cet article laisse le lecteur sur sa faim quant aux « trois sortes de gens qui donnent bien de l’occupation dans le monde ». Je ne lui ai pas trouvé de meilleure source que le texte de Platon sur l’anneau de Gygès (Γυγης), au début du livre ii de La République, commentant le récit d’Hérodote. {a} Aucun des détails fournis par L’Esprit de Guy Patin ne manque au récit de Platon, qui donne cette suite et cette morale au conte de Gygès : {b}

« Dès qu’il fut sûr de son fait, il fit en sorte d’être au nombre des messagers qui se rendaient auprès du roi. {c} Arrivé au palais, il séduisit la reine, complota avec elle la mort du roi, le tua, et obtint ainsi le pouvoir. Si donc il existait deux anneaux de cette sorte, et que le juste reçût l’un, l’injuste l’autre, aucun, pense-t-on, ne serait de nature assez adamantine {d} pour persévérer dans la justice et pour avoir le courage de ne pas toucher au bien d’autrui, alors qu’il pourrait prendre sans crainte ce qu’il voudrait sur l’agora, s’introduire dans les maisons pour s’unir à qui lui plairait, tuer les uns, briser les fers des autres et faire tout à son gré, devenu l’égal d’un dieu parmi les hommes. En agissant ainsi, rien ne le distinguerait du méchant : ils tendraient tous les deux vers le même but. Et l’on citerait cela comme une grande preuve que personne n’est juste volontairement, mais par contrainte, la justice n’étant pas un bien individuel, puisque celui qui se croit capable de commettre l’injustice la commet. Tout homme, en effet, pense que l’injustice est individuellement plus profitable que la justice, et le pense avec raison d’après le partisan de cette doctrine. Car si quelqu’un recevait cette licence dont j’ai parlé, et ne consentait jamais à commettre l’injustice, ni à toucher au bien d’autrui, il paraîtrait le plus malheureux des hommes, et le plus insensé, à ceux qui auraient connaissance de sa conduite ; se trouvant mutuellement en présence ils le loueraient, mais pour se tromper les uns les autres, et à cause de leur crainte d’être eux-mêmes victimes de l’injustice. »


  1. V. notule {e}, note [7], lettre latine 280.

  2. Traduction d’Émile Chambry, 1934.

  3. Le légendaire Candaule ou Sadyatte, roi de Lydie (en Asie Mineure, v. note [91] du Faux Patiniana II‑7) au viiie s. av. J.‑C.

  4. Aucun homme dont la vertu égalerait la dureté et l’éclat du diamant.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 2.

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(Consulté le 10/12/2024)

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