À Charles Spon, le 16 avril 1652, note 7.
Note [7]

La Rochefoucauld (Mémoires, pages 256‑259) :

« Le marquis de Lévis avait un passeport du comte d’Harcourt pour se retirer en Auvergne avec son train. M. le Prince et ceux qui l’accompagnaient passèrent, à la suite du marquis de Lévis, pour les mêmes domestiques dont les noms étaient écrits dans son passeport. Ce qu’il y eut de plus rude dans ce voyage fut l’extraordinaire diligence avec laquelle on marcha jour et nuit, presque toujours sur les mêmes chevaux et sans demeurer jamais deux heures en même lieu. On logea chez deux ou trois gentilshommes amis du marquis de Lévis pour se reposer quelques heures et pour acheter des chevaux ; mais ces hôtes soupçonnaient si peu M. le Prince d’être ce qu’il était que, dans la gaieté du dîner, on parla assez librement de ses proches pour lui faire juger qu’on ne le connaissait pas. Enfin, après avoir pris son chemin par la vicomté de Turenne et par Charlus en Auvergne, il arriva le samedi au soir au Bec d’Allier à deux lieues de La Charité, où il passa la rivière de Loire sans aucun empêchement, bien qu’il y eût deux compagnies de cavalerie dans La Charité, commandées par Bussy-Rabutin. Il dépêcha, de La Charité, Gourville à Paris pour avertir M. le duc d’Orléans et M. de Chavigny de sa marche. Il passa le jour de Pâques dans Cosne où l’on faisait garde, et comme la cour était alors à Gien, il dit partout qu’il allait avec ses compagnons servir son quartier auprès du roi.

[…] Ce voyage de M. le Prince fut plein […] d’aventures périlleuses et les moindres l’exposèrent à être pris par les troupes du roi ou à être tué. Il arriva néanmoins heureusement à Châtillon où il apprit des nouvelles de l’armée qu’il voulait joindre et sut qu’elle était à huit lieues de là, vers Lorris près de la forêt d’Orléans. Ayant marché avec toute la diligence possible pour la joindre, il rencontra l’avant-garde de son armée dont quelques cavaliers vinrent au qui-vive avec lui ; mais l’ayant reconnu, ce fut une surprise et une joie pour toute l’armée qui ne se peut exprimer. Jamais elle n’avait eu tant besoin de sa présence et jamais elle ne l’avait moins attendue. L’aigreur augmentait tous les jours entre les ducs de Nemours et de Beaufort, et l’on voyait périr avec certitude la seule ressource du parti par la division des chefs lorsque la présence du roi et celle de son armée les devaient le plus obliger à préférer l’intérêt général à leurs querelles particulières. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 avril 1652, note 7.

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(Consulté le 05/10/2024)

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