À André Falconet, le 7 mai 1660, note 9.
Note [9]

« Le publicain est une mauvaise bête, le tyran des peuples et des royaumes ».

Les imprécations de Guy Patin renvoient à l’Évangile de Luc, sur la rencontre de Jéus et Lévi, et empruntent aux Enarrationes de Théophylacte d’Ohrid (page 167, marque B) : {a}

Et post hæc exiit ac vidit publicani nomine Levi sedentem ad telonium : et ait illi, Sequere me. Atque is relictis omnibus surgens secutus est eum : et fecit ei convivium magnum Levi in domo sua : et erat turba multa publicanorum et aliorum qui cum illis accumbebant. Et murmurabant scribæ et pharisæi adversus discipulos eius, dicentes, Quare cum publicanis et peccatoribus editis et bibitis : Est respondens Iesus dixit ad illos, Non egent qui sani sunt, medico, sed qui male habent. Non veni vocare istos, sed peccatores ad pœnitentiam. […] Admirare autem Dei misericordiam, quomodo vasa maligni diripiat. Telones enim vas erat maligni, et mala bestia. Sciunt qui experti sunt, qui sint importuni exactores. Publicani enim sunt qui publica vectigalia emunt, quatenus inde damnosum suis animabus quid lucrentur.

[« Après cela il sortit, remarqua un publicain du nom de Lévi assis au bureau de la douane et lui dit : “ Suis-moi. ” Et, quittant tout et se levant, il le suivait ? Puis Lévi lui offrit un grand festin dans sa maison, et il y avait à table avec eux une foule nombreuse de publicains et autres gens. Les pharisiens et leurs scribes murmuraient et disaient à ses disciples : “ Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publcains et les pécheurs ? ” Mais Jésus prit la parole et leur dit : “ Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades ; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir. ” » {b} (…) Admirez donc la miséricorde de Dieu, et la manière dont il arrache les instruments du malin, {c} car le collecteur d’impôts était l’instrument du malin, et une mauvaise bête. {d} Ceux qui les connaissent savent que sont d’affreux prévaricateurs : les publicains {e} sont ceux qui achètent à ferme le recouvrement des impôts ; ce qui rend odieux l’argent qu’ils gagnent pour vivre].


  1. Theophylacti Bulgariæ Archiepiscopi, in quatuor Evangelia enarrationes innumeris pene locis per Phil. Montanum Armenterianum denuo recognitæ et restitutæ…

    [Commentaires de Théophylacte, archevêque de Bulgarie, {i} sur les quatre Évangiles, nouvellement revus et corrigés en maints endroits par Philippus Montanus, {ii} natif d’Armentières…] {iii}

    1. Théophylacte, archevêque d’Ohrid en Bulgarie (actuelle Macédoine du Nord) au xiie s.

    2. Philippe Montaigne ou de La Montagne, mort en 1576.

    3. Bâle, Ioannes Hervagios, 1554, in‑fo de 958 pages.

  2. Transcription fidèle de la Vulgate (Luc, 5:27‑32), traduction de la Bible de Jérusalem (1956) ; la suite est le commentaire de Théophylacte.

  3. Du démon.

  4. Mise en exergue de l’expression empruntée par Patin pour maudire les collecteurs d’impôts.

  5. Dans la Rome antique, le publicain, publicanus, était l’exact équivalent du partisan (fermier collectant l’impôt public) au xviie s.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 7 mai 1660, note 9.

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(Consulté le 24/04/2024)

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