Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 12.
Note [12]

La matière de cet article a été empruntée au seconde tome de :

L’Ambassade de la Compagnie Orientale des Provinces-Unies vers l’empereur de la Chine ou Grand Cam de Tartarie, faite par les sieurs Pierre de Goyer et Jacob de Leyser ; illustrée par une très exacte description des villes, bourgs, villages, ports de mer, et autres lieux plus considérables de la Chine. Enrichie d’un grand nombre de tailles-douces. Le tout recueilli par M. Jean Nieuhoff, {a} maître d’hôtel de l’ambassade, à présent gouverneur en Ceylan ; mis en français, orné et assorti de mille belles particularités, tant morales que politiques, par Jean Le Carpentier, historiographe. {b}

Seconde partie, chapitre xiii, pages 86‑87) :

« Il y a aussi un arbre fort étrange et merveilleux qui croît en quelques endroits de la Chine, que quelques-uns appellent Mauglé, ou le Figuier des Indes, parce que son fruit ressemble à nos figues. Il y en a qui l’appellent l’Arbre de Goa, à cause qu’il croît aussi en abondance dans cette île. Cet arbre pousse ses branches fort haut et fait un tronc bien gros ; puis après, il jette ses branches d’un côté et d’autre, desquelles sortent de petits filaments semblables à la goutte de lin, {c} qui sont jaunes tandis qu’ils sont frais ; lesquels étant parvenus jusques en terre, prennent racine et font comme un arbre nouveau. Car ils se font gros petit à petit, et deviennent comme des nouveaux pieds d’arbres, produisant aussi par la cime des branches, lesquelles rejettent aussi d’autres chevelures contre terre, et se multiplient tout de même, et ainsi consécutivement jusques à un nombre infini : tellement qu’un seul arbre, par ce moyen, peut couvrir la largeur d’un mille d’Italie ; {d} et ce ne sont pas seulement les branches basses qui jettent ces filaments, mais même les plus hautes, de sorte qu’un seul arbre peut faire une grande forêt. On reconnaît le père de tous ces arbres au tronc, qui est notablement plus gros que les autres. C’est sous ces arbres que les Indiens se retirent pour être à l’ombre : ils en font des grottes, des salles, des allées et des tabernacles tout voûtés, où ils ne se trouvent nullement incommodés des ardeurs du soleil. Les feuilles de cet arbre ressemblent à celles du coignier, {e} et sont vertes par-dessus et blanchâtres par-dessous, et couvertes de bourre, desquelles les éléphants sont fort friands. Son fruit est gros comme le bout d’un gros orteil, semblable à de petites figues, de couleur sanguine dehors et dedans, et plein de grains comme les figues communes, mais il n’est pas si agréable au goût. » {f}


  1. Leyde, Jacob de Meurs, 1665, in‑4o richement illustré en deux parties de 290 et 134 pages.

  2. Jan Nieuhof (1618-1672), diplomate allemand au service de la Compagnie néerlandaise des Indes, a passé sa vie à voyager dans le monde entier (dont ce périple en Chine, de 1656 à 1658) ; il fut porté disparu lors d’une escale à Madagascar.

  3. « Cassutha, herbariis vulgo Cuscuta, et Podagra lini, c’est une petite herbe qui croît parmi le lin, et le suffoque » (Jean Nicot).

  4. 1 490 mètres.

  5. Cognassier.

  6. Nieuhof a parlé de l’île de Java (v. supra note [6]) et des mœurs de ses habitants, disant page 51 :

    « On remarque aussi qu’ils garnissaient jadis leurs tables des corps de leurs parents et amis et qu’ils en faisaient leurs meilleurs repas. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 12.

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(Consulté le 05/05/2024)

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