À Charles Spon, le 13 août 1658, note 18.
Note [18]

Mémoires de la Grande Mademoiselle (chapitre xxxi) :

« Comme la santé du roi fut en état de le pouvoir mettre en chemin, on l’ôta de Calais où l’air était mauvais ; il partit couché dans un carrosse [22 juillet]. M. le duc d’Elbeuf et le maréchal d’Aumont étaient assez mal il y avait quelque temps. M. d’Elbeuf avait pris les intérêts de quelques gentilshommes du Boulonnais qui étaient brouillés avec le maréchal d’Aumont. On les avait en quelque façon raccommodés : ils se voyaient, mais par la suite on verra aisément que ce raccommodement n’était pas véritable. En arrivant à Boulogne, on avait marqué un logis pour M. de Villequier préférablement à tout autre parce que le roi était dans le sien et que c’est l’ordre. {a} M. d’Elbeuf le voulut prendre, comme gouverneur de la province ; l’autre le disputa et l’affaire ne passa pas plus avant pour ce jour-là. Le lendemain, M. d’Elbeuf l’attaqua à la campagne, pas fort éloigné d’où était le roi, étant à la tête de quelques troupes qui escortaient Sa Majesté. Comme Villequier n’était pas le plus fort, ils ne se battirent point ; on le sut. La chose n’étant pas secrète, on les empêcha de se battre et on commanda à Villequier de s’en retourner à son gouvernement, et le roi ordonna à M. d’Elbeuf de s’en aller à Paris. Il lui fit donner un enseigne de ses gardes pour le garder jusqu’à ce que l’on eût accommodé l’affaire. Le roi séjourna quelque temps à Compiègne. […] On me manda de Paris que l’affaire de MM. d’Elbeuf et de Villequier faisait du bruit ; que Villequier avait attaqué M. d’Elbeuf dans la rue ; que Salins, qui était l’enseigne des gardes du roi qui le gardait, ayant voulu représenter à Villequier qu’il ne le devait pas attaquer en sa présence, lui qui devait donner l’exemple pour faire respecter les personnes qui étaient commises de la part du roi pour empêcher les gens de se battre, Villequier s’en était moqué ; qu’il {b} avait été contraint de mettre l’épée à la main et avait été un peu blessé ; que MM. d’Elbeuf et Villequier s’étaient battus ; que sur la fin, on les avait séparés. M. d’Elbeuf fit informer de ce procédé, le traitant comme un assassinat et non comme un combat parce que Villequier avait quatre ou cinq hommes à cheval avec lui ; mais ils ne mirent point pied à terre et n’étaient là que pour sa sûreté, de crainte d’être pris. Cette affaire fit beaucoup de bruit à la cour, où les amis de part et d’autre prirent parti. La cour parut d’abord fort aigrie contre Villequier. Le roi commanda au Parlement d’en prendre connaissance ; de sorte que Villequier fut condamné et contraint de s’en aller < faire > un tour en Hollande. »


  1. Des préséances.

  2. Salins.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 août 1658, note 18.

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(Consulté le 29/04/2024)

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