À Charles Spon, le 24 avril 1657, note 25.
Note [25]

« Dieux, faites que la fortune du royaume se maintienne : que je ne la voie pas s’écrouler et qu’elle n’ait pas à déplorer ma perte. »

Vers de Nicolas de Bourbon le jeune, tirés de ses Poemata [Poèmes latins], appartenant à celui qui est intitulé Gazophylax exauthoratus [le Trésor répudié] (on le trouve aussi dans le tome 5 des Mémoires ou Œconomies royales d’État, domestiques, politiques et militaires de Henri le Grand, de Maximilien de Béthune, duc de Sully, v. note [4], lettre 208).

Dans les semaines suivant l’assassinat de Henri iv (14 mai 1610), le duc d’Épernon, Concini, Vualdini le nonce du pape, l’ambassadeur d’Espagne et le P. Pierre Cotton (v. note [9], lettre 128), jésuite, confesseur du feu roi, devinrent les principaux conseillers de Marie de Médicis. Tous, elle comprise, ont été soupçonnés d’avoir plus ou moins dirigé le poignard de Ravaillac. Sully, le vieux ministre, fut mis à l’écart : la reine régente le congédia le 16 janvier 1611 et dissipa sans tarder en prodigalités le trésor conservé à la Bastille.

Dans ses Mémoires, Sully (qui s’y exprimait à la deuxième personne, par la bouche de son entourage) a résumé l’état des choses en ces termes (Amsterdam, 1725, tome onzième, pages 247‑248) :

« Toutes vos remontrances furent vaines, de quelque belle raison qu’elles pussent être accompagnées […], vous commençâtes à prendre mauvaise opinion de la forme du gouvernement à venir et à croire que l’on s’allait jeter dans des desseins tout contraires aux règles, ordres et maximes du feu roi ; car à votre retour, vous dîtes à Madame votre femme, comme à l’oreille, mais néanmoins si haut que nous le pûmes bien entendre : “ Ma mie, nous allons tomber dans la faction contraire à celle de France, et sous l’entière domination espagnole et des jésuites ; partant, c’est aux bons Français à penser à eux, et surtout aux huguenots, car ni les uns ni les autres ne demeureront plus guère en repos. ” » {a}


  1. V. note [4], lettre 796, pour ce que Sully a écrit sur l’assassinat de Henri iv. Alexandre Dumas, quant à lui, en a fait un ressort de l’intrigue de son dernier roman (Le Comte de Moret, rebaptisé Le Sphinx rouge, 1865-1866).

Sully et Henri iv représentaient une époque idéale dont Guy Patin avait la nostalgie.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 avril 1657, note 25.

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(Consulté le 26/04/2024)

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