À Abel, dit Scévole, et Louis de Sainte Marthe, le 19 septembre 1630, note 5.
Note [5]

Guy Patin était venu au logis parisien des frères Sainte-Marthe pour leur porter ses vers et ceux de son ami Jean de Nully. Ne les y ayant pas trouvés, il leur avait sur-le-champ écrit cette lettre de requête, aussi inutile que pleine d’espérance.

Georges Gilles de la Tourette (pages 26‑30) a insisté sur les solides liens d’amitié qui se sont noués entre Théophraste Renaudot et les Sainte-Marthe, Scévole i et ses deux fils, à Loudun, à partir de 1618. À Paris, par la suite, Guy Patin et Renaudot ont pu se rencontrer au sein de cette érudite famille. La présente lettre le suggère, mais sans bien sûr l’établir formellement.

Les frères Sainte-Marthe firent à leur compatriote Renaudot l’honneur de figurer dans le Tumulus de leur père, {a} avec ces vers (page 25) intitulés Imitation, qui sont une adaptation française du poème latin qui précède, In Obitum Scævolæ Sammarthani [Sur la mort de Scévole i de Sainte-Marthe], signés N. Chevalier, supremæ Vectigalium Curiæ primarius præses : {b}

« Pourquoi, divins Esprits, allez-vous honorant
De maints vers le tombeau de Scévole mourant ?
Et vous, ses chers enfants, pourquoi vos pitiés tendres
D’un marbre sourcilleux chargent-elles ses cendres ?
Ces monuments sont vains, inutiles ces vers,
Sainte-Marthe est assez connu par l’Univers,
Son plus beau monument, c’est sa ville natale,
Qu’il a su garantir de la fureur brutale
De l’ennemi prochain ; {c} et ses rares Écrits
Lui serviront d’Éloge ; Ainsi, divins Esprits,
le faix {d} de vos labeurs sur vous-mêmes retombe ;
Lui qui a tant de Vers, n’a pas besoin d’une Tombe. {e}

Th. Renaudot, médecin du roi. » {f}


  1. Paris, 1630, v. supra note [1].

  2. Nicolas Chevalier (1562-1630), premier président de la Cour des aides.

  3. En 1587, pendant les guerres de Religion, Sainte-Marthe avait évité que le duc de Joyeuse ne laissât son armée piller Loudun, ce qui lui avait valu le titre de Père de la Patrie.

  4. Fardeau.

  5. Traduction malheureuse et involontairement comique (pour l’équivoque avec les vers qui rongent les cadavres) du dernier vers latin : Carmina qui tot habet non caret et tumulo [Lui qui a tant rimé n’a pas besoin de tombeau].

  6. Renaudot est aussi l’auteur de l’Oraison funèbre sur le décès de Scévole de Ste‑Marthe… Prononcée au Palais de Loudun le 5e jour d’avril 1623, en présence des officiers et autres notables personnes de la même ville ; elle est imprimée à la fin du Tumulus (pages 251‑272), juste après celle qu’avait prononcée Urbain Grandier, curé de l’église Saint-Pierre de Loudun (v. note [1], lettre 18), le 11 septembre de la même année (pages 229‑250).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Abel, dit Scévole, et Louis de Sainte Marthe, le 19 septembre 1630, note 5.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1018&cln=5

(Consulté le 03/05/2024)

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