Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 2C. Novembre 1651-novembre 1652, Affaires de l’Université, note 6.
Note [6]

Jean Doujat (Toulouse 1609-Paris 1688) avait étudié dans sa ville natale puis y était devenu avocat au parlement en 1637. Reçu avocat au Parlement de Paris en 1639, ses connaissances en droit, en histoire et en philologie, et les quelques ouvrages qu’il avait déjà publiés lui avaient valu une élection à l’Académie française en 1650. Il venait d’obtenir l’unique chaire royale de droit canon. En dépit des chicanes de l’Université, il fut reçu docteur régent de la Faculté de droit canon de Paris en 1655 (renseignements tirés de la longue notice de Claude-Pierre Goujet sur Doujat, tome troisième, pages 396‑406, v. note [3] du Manuscrit 2007 de la Bibliothèque interuniversitaire de santé).

Dans sa Relation contenant l’histoire de l’Académie française (1653, v. note [2], lettre 329), Paul Pellisson-Fontanier a ajouté (pages 562‑563) :

« Il a divers ouvrages de longue haleine, fort avancés sur plusieurs sciences, et deux particulièrement sur le droit, qu’il appelle Prænotiones canonicæ et civiles. {a} Il a publié en diverses occasions des Pièces séparées en vers latins ou français. Il y a de lui une petite Grammaire espagnole, où il n’a pas mis son nom, {b} non plus qu’au Dictionnaire des mots gascons sur Goudelin. {c} Il est l’auteur de la Préface du Vestibulum de Comenius, {d} dont il a donné la copie, et d’une des épitaphes de Monsieur de Thou, qui fut imprimée sans qu’il le sût, avec beaucoup de fautes dans le Mercurio Vittorio Siri, et qui commence Lege Viator, etc. » {e}


  1. « Notions élémentaires canoniques et civiles ». Les Prænotionum Canonicarum libri quinque, quibus Sacri Juris, atque universi Studii Ecclesiastici Principia, et Adminicula enucleantur. Exarabat Joannes Doujat Antecessorum Parisiensium, ac Regem Professorem, eoque nomine Comes [Cinq livres de Notions canoniques élémentaires, où sont épluchés les principes et accessoires du droit sacré et des études ecclésiastiques. Élaborés par Jean Doujat, premier des professeurs de droit à Paris et des professeurs du roi, et son conseiller] ont été publiées bien plus tard (Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1687, in‑4o). Je n’ai pas trouvé d’édition de ses Prænotiones civiles.

  2. Grammaire espagnole abrégée. Dédiée à Mademoiselle d’Étampes de Valençay (Paris, Antoine de Sommaville et Augustin Courbé, 1644, in‑12 ; épître signée J.D.).

  3. Doujat aurait participé aux Las obros de Pierre Goudelin, augmentados d’uno noubélo floureto [Œuvres de Pierre Goudelin, augmentées d’un nouveau dictionnaire] (Toulouse, Pierre Bosc, 1647, in‑4o, nombreuses rééditions ultérieures).

  4. Jo. A. Comenii Vestibulum linguæ latinæ et dictionarium vestibulare, cum interpretatione Gallica. Itemque grammatica vestibularis Gallice versa. Omnia nunc primum in Gallia typis exscripta [Vestibule de (Introduction à) la langue latine de Jan Amos Comenius (v. note [5], lettre latine 137), avec sa traduction en français. Et grammaire vestibulaire (introductive) traduite en français. Le tout publié pour la première fois en France] (Paris, Olivier de Varennes, 1646, in‑8o ; première édition en latin à Leipzig en 1633).

  5. Cette épitaphe se trouve dans leMercurio (tomo secondo, libro terzo, sans lieu ni nom ni date [1642 ou 1643], page 1224) de l’historien italien Vittorio Siri (v. note [6], lettre 204), mas il n’en donne pas l’auteur :

    Lege Viator et luge
    Non mortuum, sed sæculum.

    Clauduntur sub hoc Mamore Cineres
    Francisci Augusti Thuani, Viri qui Avis
    Ingentibus ortus videri poterat si ævum explesset,
    Vel major futurus. Ingenio certe, et lingua
    Non dispar. Animo etiam Superiorem se gessit,
    Perijt suo potius Fato quam facto, et generosum
    Hominem abstulit huius sæculi modum excedens
    Fides. Peccasse creditus est in Regem, quia
    Peccare non potuit in Amicum, et publice reus est
    Visus : quia privatim nimium pius esse voluerat.
    Itaque minus ei profuit crimen dissuasisse, quam
    Scivisse novit : quique sceleris societatem abnuerat,
    Mortis inire iussus est. Nec invitus pœnam alieni
    Facinoris subijt, qui eius vel nomen exhorruerat.
    Autorem facti maluit ad supplicium sequi quam
    Ad noxam : et ei quem salutaribus consiliis incolumem
    Præstare nequiverat, pereunti in extremis deesse
    Non sustinuit. Denique summa culpa fuit aut
    Aliis nimium credidisse ; aut sibi non satis credendum
    Putasse. Sic dum virorum Principum Calumniator
    Haberi metuit, sibi ipsi factus est.

    [Lis, toi qui passes, et pleure, non pas ce mort, mais ce siècle.

    Ce marbre renferme les cendres de François-Auguste de Thou. Issu d’immenses ancêtres, il aurait pu sembler appelé à devenir plus grand qu’eux encore s’il avait vécu plus longtemps. Il ne leur était certainement pas inférieur en intelligence et en éloquence, mais il les surpassa en courage, car il périt par mauvais sort plutôt que par ses actes, et une fidélité dépassant la mesure de ce siècle a emporté ce généreux personnage. On a cru qu’il avait fauté contre le roi parce qu’il n’avait pu fauter contre un ami, et on l’a vu en être publiquement accusé pour lui avoir trop témoigné son dévouement. {i} Il s’est moins rendu service en ignorant ce qu’il savait de son crime qu’en le dissuadant de le commettre : il a refusé d’être son complice et on l’a condamné à mort. Il n’a pas subi contre son gré la punition du forfait d’un autre, dont l’inculpation le faisait frémir d’horreur. Il a préféré suivre le coupable au supplice que l’accabler ; et il n’a pas supporté d’abandonner à la mort celui à qui il n’avait pas manqué de prodiguer ses conseils pour demeurer en vie. Finalement, sa plus grande faute fut d’avoir trop fait confiance aux autres, ou de n’avoir pas suffisamment cru en lui-même. Ainsi a-t-il appliqué à sa propre personne ce qu’il a redouté de voir appliqué au calomniateur des princes].

    1. V. note [12], lettre 65 pour François-Auguste de Thou, décapité pour lèse-majesté, pour son noble lignage et pour son indéfectible amitié envers Henri-Coiffier Ruzé, marquis de Cinq-Mars, que le poète rendait ici responsable du crime de lèse-majesté qui les conduisit tous deux à l’échafaud le 12 septembre 1642, à Lyon (v. note [6], lettre 75).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 2C. Novembre 1651-novembre 1652, Affaires de l’Université, note 6.

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(Consulté le 28/04/2024)

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