Lymphe et chyle
La lymphe (du latin lympha, « eau » dans son acception poétique) est un fluide omniprésent dans le corps, qui circule dans des vaisseaux distincts des veines et des artères. Tout récemment découverte (1653) et mal comprise au xviie s., elle fut considérée comme un des composants de la quatrième humeur qu’on appelait phlegme ou pituite, les trois autres étant le sang et les deux biles (jaune et noire).

Le chyle (du grec χυλος, khulos, « suc », chylum en latin) est la lymphe spéciale qui émane du tube digestif. Elle joue un rôle essentiel dans la nutrition du corps. Dans l’estomac puis dans l’intestin grêle, le mélange et la digestion des aliments aboutissent à la formation du chyme. La partie lipidique (graisseuse) du chyme est absorbée pour former le chyle, liquide d’aspect laiteux, essentiellement composé de graisses émulsionnées. Les vaisseaux lactés (lactifères) qui parcourent le mésentère étaient censés le transporter au foie, mais Jean Pecquet a découvert qu’il suit des voies particulières (canal thoracique, où il se mêle à la lymphe venant du reste du corps) pour gagner le sang de la veine cave supérieure en court-circuitant le foie, qui ne capte que secondairement ses composants après qu’ils ont été transformés ailleurs des l’organisme, principalement par l’endothélium vasculaire. Pecquet et ses partisans croyaient à tort que le chyle contenait la totalité des substances alimentaires digérées et absorbées par l’organisme, alors qu’il ne contient que leur partie lipidique.

Vnote Patin 26/0152 pour de plus amples détails. Les textes traduits dans notre édition ont les regrettables défauts de donner parfois au chyle le nom le lait, et de ne presque jamais faire la différence, pourtant cruciale, entre le chyle et le chyme.