Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre i, note 12.
Note [12]

« chacun juge bien de ce qu’il connaît » et Jean ii Riolan dit user « avec assurance de sa propre autorité pour censurer et critiquer les anatomistes et leurs livres » ; un ibidem marginal d’Hyginus Thalassius renvoie à cette partie du chapitre de Riolan cité dans la note [9] supra, où on lit ce propos (Anthropographie, 1649, page 29) qui donne tout leur sens aux 18 mots cités :

Quamuis prima laus in rebus Anatomicis debeatur Græcis auctoribus, non oportet tamen posteriores Anatomicos Latinos suâ gloria fraudare, in his quæ rectè magno labore, summáque industriâ inuenere. Propterea fretus Hippocratis authoritate, qui libertatem iudicandi de scriptis auctorum, peritis in arte concedit ; philosophica libertate meum iudicium interponam. Magnam vero artis partem esse arbitror, etiam de his quæ scripta sunt rectè posse considerationem facere ac iudicare, qui enim hoc nouit, et his vtitur, non videtur mihi in arte multum falli posse. μεγα δε μερος ηγειμαι της τεεχνης ειναι το δυναοθαι σκοπειν και περι της γεγραμμενων ορθος, ο γαρ γνους και χρωμενος τρυτοις ουκ αν μοι δοκεν μεγα σφαλλεοθαι εν τη τεχνη, sub finem lib. 3. epidem. Simile iudicium Aristotelis extat initio lib. i. de partibus animal. et lib. i. Ethic. cap. i. Vnusquisque bene iudicat ea quæ novit, et eorum bonus est æstimator. Hâc fiduciâ multis Anatomiis mea manu sedulò et laboriosè administratis comprobatâ, in libros et auctores Anatomicos censuræ et animadversionis auctoritatem usurpabo, quod efficiam cum omni modestia et humanitate, ne cornicum oculos configere videar, et instar laruæ cum mortuis luctari, more Archigenes, qui de se ipso fassus est, quod per ætatem ambitiosius et vehementius egerit contra quosdam, vt vexaret illos et vreret. Sed eos tantùm Anatomicos nominabo et producam, qui solerti ingenio, manúque oculatâ tractantur Anatomica, cultro et calamo descripta.

[En anatomie, il faut certes placer les auteurs grecs au premier rang, mais sans dérober leur gloire aux latins, parce qu’ils ont fait d’exactes découvertes grâce à leurs importantes recherches et à leur très grande ingéniosité. En vertu de la liberté philosophique, j’ajouterai mon propre avis, car je me fie entièrement à l’autorité d’Hippocrate quand il concède la licence de juger les écrits des médecins rompus au métier : Je regarde comme une partie importante de l’art de la médecine l’habileté à porter un juste jugement sur ce qui est écrit. Celui qui en a la connaissance et qui sait en user ne commettra pas, à mon sens, de graves erreurs dans la pratique (fin du livre iii des Épidémies). {a} Aristote a émis un avis semblable au début du livre i sur les Parties des animaux et dans le chapitre i, livre i de l’Éthique. Chacun juge bien de ce qu’il connaît et son opinion a de la valeur. Avec l’assurance que ma main m’a procurée lors des multiples dissections que j’ai menées avec grand soin et labeur acharné, j’userai de ma propre autorité pour censurer et critiquer les anatomistes et leurs livres, {b} et je le ferai en toute modestie et avec due politesse, pour ne pas sembler cornicum oculos configere et instar laruæ cum mortuis luctari, {c} à la manière d’Archigène {d} qui disait de lui-même que, rendu plus prétentieux et véhément par l’âge, il se démenait contre certains auteurs pour les tourmenter et les irriter. Je ne citerai pourtant que les écrits des anatomistes dotés d’un solide entendement et d’une habile main qui ont consacré et le scalpel et la plume pour traiter de leur art].


  1. Chapitre 16 du livre indiqué, Littré Hip, volume 3, pages 101‑103.

  2. Mise en exergue des mots repris par Hyginus Thalassius.

  3. « crever les yeux des corneilles », c’est-à-dire « tordre le cou aux vieilles idées » (vnote Patin 2/1140) et « ressembler à un fantôme qui se bat contre les morts », c’est-à-dire « accabler les morts de mes malédictions » (autre adage antique commenté par Érasme, no 153).

  4. Médecin gréco-romain des ier et iie s., vnote Patin 2/1139.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre i, note 12.

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(Consulté le 03/06/2024)

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