Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre i, note 13.
Note [13]

« à sa table d’école, après qu’il avait placé devant lui des masses de livres, fronçant les sourcils, contractant les narines, plissant le front, il déclamait contre chacun : on l’eût pris pour le critique Longin, {a} censeur de l’éloquence romaine, stigmatisant les autres à son gré et les excluant du sénat des savants » ; ce passage de Jérôme de Stridon, {b} (lettre cxxiv, au moine Rusticus, § 18) mérite une plus longue citation, avec mise en italique de ce qu’Hyginus Thalassius en a extrait : {c}

Nulli detrahas, nec in eo te sanctum putes si cæteros laceres. Accusamus sæpe quod facimus, et contra nosmetipsos diseti, in nostra vicia invehimur, muti de eloquentibus judicantes. Testudineo Grunnius incedebat ad loquendum gradu, et per intervalla quædam, vix pauca verba capebat, ut eum putares singultire, non proloqui. Et tamen cum mensa posita, librorum exposuisset struem, adducto supercilio, contractisque naribus, ac fronte rugata, duobus digitulis concrepabat, hoc signo ad audiendum discipulos provocans. tum nugas meras fundere, et adversum singulos declamare : criticum diceres esse Longinum, censoremque Romanæ facundiæ, notare quem vellet et de Senatu doctorum excludere.

« Ne dites de mal de personne, et ne vous regardez pas comme un saint parce que vous avez déchiré la réputation d’autrui. Nous critiquons souvent ce que nous faisons nous-mêmes ; diserts contre nous, nous nous déchaînons contre nos propres vices ; muets, nous faisons leur procès à ceux qui sont éloquents. Grunnius {d} avançait en parlant d’un pas de tortue, il accrochait à peine de loin en loin quelques rares paroles, et vous eussiez dit qu’il poussait des sanglots, au lieu de prononcer un discours. Mais, à sa table d’école, après qu’il avait placé devant lui des masses de livres, fronçant les sourcils, contractant les narines, plissant le front, il frappait avec deux doigts {e} pour appeler l’attention de ses disciples. Il répandait alors de pures inepties et déclamait contre chacun : on l’eût pris pour le critique Longin, pour le censeur de l’éloquence romaine, stigmatisant les autres à son gré et les excluant du sénat des savants. »


  1. Longin (Dionysius Cassius Longinus), rhéteur et critique littéraire du iiie s., est l’auteur supposé du Traité du Sublime (vnote Patin 2/756).

  2. Jean ii Riolan avait cité Jérôme de Stridon dans la préface de sa première Responsio à Jean Pecquet : v. infra note [21].

  3. Œuvres complètes de saint Jérôme, prêtre et docteur de l’Église, traduites en français par l’abbé Bareille (Paris, Louis Vivès, 1878, in‑8o, tome deuxième, page 245).

  4. Nom ironique dérivé de grunnire, « grogner comme un cochon ».

  5. Ou plus fidèlement, me semble-t-il, « il claquait des doigts ».

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre i, note 13.

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(Consulté le 14/06/2024)

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