Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 18.
Note [18]

  • Le début de ce latin, « il fronce les sourcils et se laisse pousser la barbe », vient de Sénèque le Jeune déplorant les subtilités pusillanimes des sophistes (Lettre xlviii à Lucilius) :

    Pudet me ; in re tam seria senes ludimus. “ Mus sylla ba est ; mus autem caseum rodit, syllaba ergo caseum rodit. ” Puta nunc, me istud posse solvere ; quod mihi ex ista inscientia periculum imminet ? quod incommodum ? Sine dubio verendum est, ne quando in muspicula syllabas capiam, aut ne quando, si negligentior fuero, caseum liber comedat. Nisi fort illa cutior est collectio : “ Mus syllaba est : syllaba autem caseum non rodit : mus ergo caseum non rodit. ” O pueriles ineptias ! in hoc supercilia subduximus ! in hoc barbam demissimus ? hoc est quod tristes docemus et pallidi ?

    « J’en rougis ; nous, vieillards, jouer sur des choses aussi graves ! “ Un rat est une syllabe ; or, un rat ronge du fromage ; donc une syllabe ronge du fromage. ” Suppose que je ne puisse débrouiller ce sophisme, où serait pour moi le grand péril, le grand inconvénient ? Sans doute est-il à craindre qu’un beau jour les syllabes ne se viennent jeter dans les ratières, ou que, si je n’y prends garde, un de mes livres ne me mange un fromage ; mais j’ai, pour me rassurer, ce victorieux syllogisme : “ Un rat est une syllabe ; or une syllabe ne ronge pas du fromage ; donc un rat ne ronge pas du fromage. ” Quelles puérilités ! quelles sottises ! et voilà pourquoi nous fronçons les sourcils, nous laissons pousser nos barbes ! {a} Voilà les vérités que nos visages pâles et renfrognés enseignent au genre humain ! » {b}


    1. À l’époque de Sénèque (ier s. de l’ère chrétienne), les Romains se rasaient la barbe et ne la laissaient pousser que si leur esprit était accaparé par la perplexité ou les soucis.

    2. Traduction d’Ajasson de Grandsagne et coll., 1833.

  • La suite, ut in grammaticis nodos nectat, pourrait vouloir dire « pour chicaner sur la grammaire », mais sans que j’en sache expliquer la relation avec le contexte (v. infra note [19]).

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 18.

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(Consulté le 13/06/2024)

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