Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 35.
Note [35]

« médecins stygiaux qui ont juré la ruine des humains en signant pour l’antimoine ou Styx, qui est l’instrument du diable » ; Dernier paragraphe (pages 57‑58) de la « Plainte du Foie dont on a célébré les funérailles », prosopopée {a} de Jean ii Riolan où le foie s’adresse aux docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris : {b}

Non inuideo Cordi suam dignitatem, modò mea mihihi conservuetur. Id à vobis expecto, Medici Parisienses, vt meo officio principali sanguificandi recuperato, à vobis redintegratum fuisse gloriari queam, Vestro solemni decreto. Id mihi si denegatum fuerit, præualebunt Pecqueti sectarij, Stibiales, vel potius Stygiales Medici, qui suo Stibio, siue Stygio instrumento Diaboli, iuxta Cyprianum, meam et hominum ruinam, et excidium inter se syngraphi coniurârunt. Nullum enim Venenum mihi nocentius ipso stibio, quo mea substantia atteritur et laceratur, vt testantur omnes periti et cordati Medici Germani, Itali, Hispani, Angli, qui eius maleficium iamdudum experti sunt. Hoc prohibere nefas, et à vestra Schola talem auertire pestem.

[Je n’envie pas sa noblesse au cœur, pourvu qu’on me conserve la mienne. Après que j’aurai récupéré mon rôle principal dans la sanguification, j’attends de vous, médecins de Paris, de pouvoir me faire honneur en décrétant solennellement ma réhabilitation. Si cela m’est refusé, les sectateurs de Pecquet auront gagné, ces médecins stibiaux ou plutôt stygiaux, ces signeurs qui ont comploté ma perte et ma ruine, et celle des humains, avec leur stibium ou Styx, que Cyprien a dit être l’instrument du diable. {c} Aucun poison ne me nuit plus en effet que cet antimoine qui mortifie et déchire ma substance, comme en attestent tous les médecins habiles et avisés d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, d’Angleterre, qui ont depuis longtemps éprouvé ses méfaits. Empêchez ce crime et chassez cette peste de votre Faculté !]


  1. V. supra note [30].

  2. Paris, 1653, v. supra note [33].

  3. Saint Cyprien de Carthage (vnote Patin 13/195), De Opere et Eleemosynis [La Bienfaisance et les Aumônes], § 14 :

    Et Quæ matrona in Ecclesia Christi locuples et dives es, inunge oculos tuos non stibio diaboli, sed collyrio Christi, vt peruenire ad videndum Deum possis, dum Deum, et operibus bonis et moribus promereris.

    [Et toi, matrone, qui es opulente et riche, ne te maquille pas les yeux avec l’antimoine du diable, mais avec le collyre du Christ, pour pouvoir parvenir à voir Dieu, quand tu l’auras mérité par la bonté de tes œuvres et de tes mœurs].

    Dans l’Antiquité, l’antimoine ne servait pas de médicament, mais son sulfate était une des bases utilisées pour la confection du khôl.

    Riolan assimilait ici très clairement les 61 signeurs de l’antimoine (en 1652, v. supra note [13], notule {c}) aux partisans de l’émétique qui avaient scindé la Faculté parisienne en deux clans vivement opposés.


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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iii, note 35.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=0052&cln=35

(Consulté le 14/06/2024)

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