Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang, note 37.
Note [37]

William Harvey, au début du premier des deux Exercitationes [Essais] qu’il a écrits pour répondre à Jean ii Riolan, {a} a ainsi expliqué leur genèse : {b}

« Il y a peu de mois a paru l’ouvrage d’anatomie et de pathologie de l’illustre Riolan, {c} qui me l’envoya de sa propre main, {d} ce dont je le remercie beaucoup. Je tiens à le féliciter du succès avec lequel il a terminé cet ouvrage digne des plus grands éloges. Représenter le siège de toutes les maladies est une œuvre qu’une grande intelligence pouvait seule accomplir, et c’est entrer dans un domaine difficile à parcourir que de chercher à mettre sous les yeux du lecteur des maladies qui échappent presque à la vue. {e} Il n’y a pas de science qui ne dérive d’une idée a priori et il n’y a pas de connaissance solide et sûre qui ne tire son origine des sens. »


  1. Rotterdam, 1649, v. supra note [3].

  2. Traduction de Charles Richet, 1879, page 181.

  3. Première édition de l’Encheiridium anatomicum et pathologicum (Paris, 1648, vnote Patin 25/150).

  4. ipsissima authoris manu : cela signifie que Riolan avait accompagné son livre d’une dédicace manuscrite ; cette lettre ne figure ni dans les Guilielmi Harvei Opera omnia (1766) ni dans ses Some recently discovered letters (1912).

  5. Richet a curieusement omis de traduire l’ironique proposition qui introduit la suite dans l’original latin (page 2) : Decent hæc conamina Anatomicorum principem … [De tels efforts sont à la portée du prince des anatomistes …]

Harvey a répondu à la question de Riolan dans son second essai de 1649 (page 85), traduit du latin par Richet (pages 220‑221) :

« Pour ceux qui rejettent la circulation parce qu’ils n’en voient ni la cause efficiente ni la cause finale, il reste à démontrer à quoi elle sert : car je n’en ai point encore parlé. On avouera cependant qu’il fallait chercher d’abord si la circulation existe avant de chercher à quoi elle sert. {a}

Examinons donc l’usage et les avantages des vérités qui dérivent de la circulation. On admet en physiologie, en pathologie et en thérapeutique bien des choses dont nous ne connaissons pas les usages, et dont pourtant personne ne doute, comme les fièvres putrides, les révulsions, les purgations. Eh bien, tous ces faits s’expliquent parfaitement par la circulation.

Il y a des auteurs qui attaquent la circulation parce qu’ils ne peuvent résoudre par là certains problèmes médicaux, ou grouper les conséquences qu’elle entraîne pour la guérison des maladies et l’emploi des médicaments, ou parce qu’ils trouvent inexactes les causes indiquées par les maîtres, ou parce qu’ils jugent criminel d’abandonner les opinions reçues, et considèrent comme un sacrilège de douter d’une doctrine admise depuis tant de siècles et de mettre en doute l’autorité des Anciens.

Eh bien, je leur réponds à tous que les œuvres de la nature se montrent en toute évidence, et que ni les opinions ni l’Antiquité ne peuvent les entraver ; car il n’y a rien de plus antique que la nature, et personne ne peut avoir plus d’autorité qu’elle. »


  1. Sans le pédant grec ajouté par Riolan : Prius in confesso esse debet, quod sit circulatio, ante quam propter quid fiat, inquirendum [Il faut évidemment étudier d’abord ce qu’est la circulation, avant d’expliquer pourquoi elle existe].

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang, note 37.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=1005&cln=37

(Consulté le 14/06/2024)

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