Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang, note 4.
Note [4]

À l’œil nu, la principale différence entre les deux types de veines intra-hépatiques est que les branches portes sont entourées d’une gaine vasculaire et membraneuse qui provoque leur affaissement à la coupe du foie, tandis que les rameaux caves, non engainés, restent béants. {a} Cela peut faire croire que les parois portes sont plus épaisses que les caves.

Le propos de Jean Pecquet sur l’épaisseur des parois veineuses hépatiques et sur la fonction « artérielle » de la veine porte, est à la page 32 de sa Dissertatio anatomica (1651), qui est pareillement numérotée et rédigée en 1654. Jean ii Riolan y répliquait par ce paragraphe de l’Anthropographia livre ii, chapitre xvi, page 122 : {b}

Intra substantiam Hepatis duplex Vasorum genus obseruabis : Ramos Portæ, qui disseminantur per partes inferiores parenchymatis, et Ramos Cauæ, qui sparguntur per superiores. Deinde discissis vtriusque Venæ Ramis deprehendes, Ramos Cauæ, instar cribri innumeris foraminibus pertusos, vt faciliùs sanguinem omni ex parte exsugant : Ramos verò Portæ longè paucioribus foraminibus perforatos : quæ quidem foramina sunt extremitates venarum capillarium : At nullæ aut paruæ venæ capillares terminantur in foraminibus Ramorum Cauæ. Inde cognosces discrimina Ramorum Cauæ et Portæ, et Chylum vasis Portæ excidere, et dispergi per substantiam Hepatis, vt contactu carnis ruber euadat, dein per poros Cauæ vndiquaque exsugi et excipi.

[Vous observerez deux sortes de vaisseaux dans la substance hépatique : les branches portes sont dispersées dans les parties inférieures du parenchyme, et les branches caves dans ses parties supérieures. Après avoir disséqué ces rameaux veineux, vous verrez que ceux de la cave sont troués par d’innombrables orifices, à la manière d’un tamis, pour sucer le sang de tous côtés ; tandis que les rameaux de la porte présentent beaucoup moins de perforations, lesquelles sont les extrémités de veines capillaires, mais aucune ou très peu d’entre elles se terminent dans les perforations des rameaux caves. {c} Vous distinguerez ainsi les rameaux portes et caves, et saurez que le chyle se perd dans les vaisseaux de la porte ; il se disperse dans la substance charnue du foie, devient rouge à son contact, puis en est extrait et sucé de toute part par les pores caves]. {d}


  1. La différence est, par exemple, bien illustrée dans la figure 1 (page 4) et dans le commentaire de Friedrich Theodor Frerichs, Traité pratique des maladies du foie, des vaisseaux hépatiques et des voies biliaires (Paris, J.‑B. Baillière et fils, Paris, 1877, in‑8o).

  2. Opera anatomica vetera et nova, Paris, 1649, vBibliographie.

  3. Tout cela ressortit à la pure imagination de Jean ii Riolan, car ces structures (vaisseaux des lobules hépatiques) échappaient alors au regard le plus perçant (macroscopie) ; il y a fallu des moyens dont il ne disposait pas : microscope de bonne qualité, et techniques de fixation, de coupe et de coloration adéquates. Ce qu’il appelait des « capillaires » étaient les veines les plus grêles (ayant la taille d’un cheveu, capillus), visibles à l’œil nu. V. note [2], Dissertatio anatomica, chapitre v, pour la description des capillaires proprement dits par Marcello Malpighi en 1661.

  4. V. note [10], Dissertatio anatomica, chapitre v, pour les pores. Il s’agit ici encore d’une rêverie, et non d’une observation de Riolan, car le chyle laiteux ne pénètre pas dans le foie, comme l’avait magistralement démontré Jean Pecquet en 1651.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang, note 4.

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(Consulté le 13/06/2024)

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