Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 2.
Note [2]

Galien, Livre à Épigénès (Postumus) sur le Pronostic, {a} chapitre v (Kühn, volume 14, pages 626‑629, traduit du grec) :

Flavius Boëthus, vir consularis, quam fuerit et honesti studiosus et doctrinæ cupidus, tu quoque nosti. Utebatur autem præceptore sectæ Peripateticæ Alexandro Damasceno ; qui quidem et Platonis scita noverat, sed Aristotelicis magis adhærens. Quum igitur rogasset me ut per sectiones docerem quomodo respiratio et vox fieret […]. Quum enim ostenturum me pollicerer nervulorum tenuissimorum, quasi capillarem conjugationem quandam gutturis lusculis inseri, allis ex sinistris partibus, aliis ex dextris, ob quod funiculo interceptos vel sectos animal mutum redditur, ita ut nec vita neque actio ipsius offendatur ; Alexander commodum respondens priusquam ostendatur, hoc primum, inquit, utique tibi concedetur, sed iis, quæ sensu apparent, credere nos oportet.

[Le consul Falvius Boétius, homme que tu as connu, était fort soucieux de son renom et désireux de s’instruire. Il avait pour précepteur le philosophe péripatéticien Alexandre de Damas, qui certes connaissait Platon, mais adhérait surtout à l’aristotélisme. Il me demanda de lui enseigner par la dissection comment se font la respiration et la voix (…). {b} Je proposai de leur montrer qu’un réseau capillaire de petits nerfs extrêmement fins s’insère dans les muscles de la gorge, tant à droite qu’à gauche, {c} et que quand on les lie avec un fil ou on les coupe, l’animal devient muet, sans cesser de vivre ni de bouger. Alexandre me répondit alors, avant que je ne m’exécute : « Tu nous accorderas d’abord qu’il nous faut croire ce que perçoivent nos sens. »] {d}


  1. Dans son article intitulé Le médecin et le consulaire. Les relations entre Galien et Flavius Boéthos sous Marc-Aurèle (Histoire des sciences médicales, 2012, 46 : 55‑65), Danielle Gourevitch a bien situé le contexte de ce livre autobiographique de Galien (sans mettre en doute son authenticité) : en 162 ou 163, Galien arrive à Rome où il est accueilli par son ami Eudème, qui est atteint d’une fièvre quarte ; une consultation s’organise entre le médecin, le philosophe Alexandre de Damas et le consul Flavius Boéthos.

    Le mystérieux Épigénês était probablement médecin et, comme Galien, natif de Pergame. Son nom, Επιγενης, « né après », pourrait indiquer, me semble-t-il, qu’il était le frère cadet de Galien, sous réserve, bien sûr, de sa réalité historique.

  2. Pour la démonstration qu’il va faire devant les amis d’Eudème, Galien dispose de chevreaux et de porcs, mais refuse d’opérer sur des singes.

  3. Branches des deux nerfs récurrents.

  4. « Galien furieux quitte alors la salle, en jurant qu’il croyait avoir affaire à des hommes de sens et non à des pyrrhoniens [sceptiques] imbéciles. Le lendemain, apaisé par le consul, il accepte de faire la dissection publique, qui se révèle une leçon remarquable d’anatomie » (Julie Giovacchini. “ L’expérience par les sens, question de philosophe ou question de médecin ? ” L’expérience par les sens dans la philosophie naturelle médiévale, Thomas Bénatouïl, Isabelle Draelants, février 2009, Pont-à-Mousson, France. hal science ouverte).

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 2.

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(Consulté le 14/06/2024)

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