Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
Responsio ad Pecquetianos
1re de 6 parties, note 17.
Note [17]

Jean ii Riolan étrillait Jacques Mentel, Jacobus Mentelius, qu’il accusait d’avoir inspiré son collègue Pierre De Mercenne.

  • Il avait pu se familiariser avec l’italien au cours des dix années qu’il avait passées au service de Marie de Médicis (v. infra note [26], seconde notule {c}). Je ne serais pas venu à bout de sa raillerie italienne sans l’aide bienveillante de Gianluca Mori, professeur d’histoire de la philosophie à l’Université du Piémont oriental (Verceil), avec qui j’ai copieusement discuté, en 2020-2022, sur la religion de Guy Patin (vnote Patin 38/477).

    La traduction littérale, « je lui ai fait la chatte sous le manteau », se réfère à « la chatte » ou « figue », fica, qui désigne vulgairement, comme en français, le sexe féminin. Le Grande Dizonario della Lingua Italiana ne répertorie pas cette locution exacte, mais G. Mori en a tiré cette explication : « Fare la fica signifie se moquer de quelqu’un (ou offenser quelqu’un), en faisant avec la main (ou les mains, fare le fiche, au pluriel) un geste qui imite la vulve, “ consistant à serrer le poing en faisant sortir le bout du pouce entre l’index et le majeur, et à l’orienter vers la personne qu’on vise. ” En prêtant ce geste à De Mercenne, Riolan l’accusait d’avoir voulu bassement l’humilier sotto il Mantello, dans le double sens de “ sous le manteau ” et “ sous le couvert de Mentel ”, l’autre docteur pecquétien. » Il s’agit en quelque sorte d’un doigt d’honneur féminin que De Mercenne, poussé par Mentel, aurait dirigé contre Riolan. Je remercie chaleureusement mon ami italien pour ce précieux enrichissement de mes commentaires, à la gloire de la république des lettres.

  • Plaute est le seul auteur classique latin à avoir employé le substantif mantellum, dans sa comédie intitulée Captivi [Les Captifs] (acte iii, scène iii, vers 520‑523) :

    Nec sycophantiis, nec fucis ullum mantellum obviam est
    Neque deprecatio perfidiis meis, nec malefactis fuga est ;
    Nec confidentiæ usquam hospitum est, nec deverticulum dolis !

    [Point de voile pour envelopper mes ruses et mes mensonges, point d’intercession pour mes impostures, point d’évasion pour mes méfaits ; mon audace est sans refuge, mes tromperies sans asile !]

  • Sic Dares Entellum prouocat, « Ainsi Darès défie-t-il Entelle », est un adage tiré du chant v de l’Énéide. Érasme l’a commenté (no 2069), pour désigner un jeune effronté qui provoque un vieux lutteur expérimenté. Troïlus Achillem, « Troïlus et Achille », a le même sens dans L’Iliade, où Troïlus, fils de Priam, est un jeune prince troyen à qui Achille coupa la tête.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
Responsio ad Pecquetianos
1re de 6 parties, note 17.

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(Consulté le 13/06/2024)

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