L’esprit de la trace

A la Bibliothèque interuniversitaire de pharmacie de Paris, j’ai entrouvert un herbier où s’était décomposée en silence, entre des feuilles de papier vieillies par le temps, la matière disparue de tiges, de fleurs, de pétales, d’étamines ...

Prisonnière, leur lumière intérieure s’était inscrite dans le papier ne laissant plus qu’une trace imaginée.

Leurs vies mystérieuses se réveillaient sous mon regard.

Le papier - sa texture, son vieillissement, son bruissement, sa couleur, son incertitude, sa fragilité - devenait le support de mon travail.

 

Il me fallait suivre la trace de l’âme laissée par ces herbes disparues.

J’ai choisi les feuilles où l’empreinte de l’herbe s’accordait à l’énergie de mon trait. Une vie végétale antérieure surgissait encore de la forme originelle.

Mon doigt et l’outil ont dessiné. Tout devenait peinture .

Et là, dans ce silence, naissait la nouvelle énergie des plantes, dépôt de l’âme … testament des herbes disparues.

Pierre Zanzucchi