Le renoncement au corps

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L'eau, fondement de l'hygiène au Moyen-Âge. Gravure sur bois extraite de : Ortus Sanitatis. Mainz : Jacob Maydenbach, 1491.
 
BIU Santé Pharmacie : cote RES 5915.
Dans l’Occident médiéval, la christianisation fait progressivement reculer un grand nombre de pratiques cosmétiques anciennes. Ainsi l'usage des bains publics, très en vogue durant l’Antiquité grecque et romaine, décline peu à peu. Cet usage réapparaît au Bas Moyen-Âge, sous d'autres formes, dans les grands centres urbains. Pour l’Église, le bain est perçu comme un lieu favorisant l’oisiveté et la luxure : c’est un lieu potentiel de débauche.
De l'eau et des bains. Ibn Butlan. Tacuini sanitatis …. Strasbourg : J. Scott, 1531.
 
BIU Santé Médecine : image 000957x02.

 

Les bains de plombières (en Lorraine). Gravure extraite de l’ouvrage de : Conrad Gessner. Excerptorum et observationum de thermis, in : De Balneis omnia quae extant apud Graecos, Latinos, et arabas ... Venise : Tommaso Giunta, 1553.
Cet ouvrage de Conrad Gessner est une compilation de textes antiques, arabes et humanistes relatifs aux vertus de la balnéothérapie. Un chapitre est consacré aux bains de Plombières qui étaient recommandés aux malades souffrant d'ulcères, de chancres et de fistules. Afin de soigner ses crises de gravelle, l’écrivain et philosophe de la Renaissance, Michel de Montaigne y effectua une cure de dix jours, en septembre 1580.
BIU Santé Pharmacie : cote RES 6368.
L'étuveur parisien annonçant en grand matin l'ouverture de son établissement de bains. Henri Ramin. Notre très vieux Paris. Tableau de l'existence des bourgeois et des marchands parisiens au XIIIe et au XIVe siècle ... Paris : Firmin Didot, 1909.
A Paris, en 1292, la ville comptait 27 étuves inscrites sur le Livre de la taille. Elles existaient bien avant cette date puisqu'en 1258, Etienne Boileau, auteur du Livre des métiers, faisait déjà la différence entre les bains et les étuves dites sèches et humides. Louis IX essaya d'ailleurs de réglementer le métier en 1268. Les bains et les étuves ont sans doute été remis au goût du jour par l'intermédiaire des croisés qui ont découverts, en Terre Sainte, les habitudes d'hygiène et de soin du corps propres au monde oriental. Aux 14e et 15e siècles, les étuves publiques connaissent leur apogée. A Paris, il était fait interdiction aux estuviers de crier dans les rues avant le lever du jour. Pourtant l'usage bourgeois consistait à se lever de bonne heure pour aller au bain.
BIU Santé Pharmacie : cote 7347.

Pourtant, le rapport que l'homme médiéval entretient avec l'hygiène n'est pas univoque. Son « renoncement au corps » s'accompagne d'une volonté de purification physique et spirituelle. L'eau reste le principal moyen de propreté et de soin corporels. Le plus souvent, on se contente de se passer un peu d’eau sur le visage et de masquer la crasse en se blanchissant la figure. On couvre les mauvaises odeurs en se parfumant à l’ambre, au musc, au jasmin, à la cannelle, à la rose ou à la lavande.