Je vous envoyai il y a environ douze jours une grande lettre de plusieurs pages touchant ma thèse, [2] et l’arrêt que nous avons obtenu contre le Gazetier [3] et ses adhérents. J’espère que dans quelques semaines nous aurons ledit arrêt tout imprimé avec les plaidoyers, [4] et entre autres celui de M. l’avocat général Talon. [5] Je tâcherai de faire en sorte que vous en ayez des premiers. [1] J’ai jusqu’ici toujours attendu votre paquet du 5e de février ; mais combien que j’aie maintes fois envoyé au coche et qu’on ait toujours parlé au maître, [2][6] nous n’en avons eu aucune nouvelle : il dit qu’il ne l’a pas reçu et qu’il ne sait ce que c’est ; enfin, il a dit qu’il fallait vous mander qu’il n’était pas arrivé de deçà afin qu’on prît garde à Lyon de ce qu’il pourrait être devenu, qui est ce dont je vous prie humblement. Il y a de deçà beaucoup de gens à qui j’ai donné goût des Institutions de Caspar Hofmannus, [7] qui les désirent extrêmement. Je prie Dieu qu’il veuille bien inspirer M. Huguetan [8] de les mettre bientôt sur la presse. M. Le Roy [9] le jeune s’en retournant d’ici à Lyon, a désiré de se charger de cette mienne lettre vers vous, qu’il m’a dit bien connaître, et qui fait particulier état de vous et de monsieur votre père, [3][10] dont j’ai été bien aise. Nous aurons dans peu de temps la Logique, Morale et Physique de M. Du Moulin [11] en trois volumes in‑8o. [4] Dès qu’ils seront en vente, je vous en ferai un paquet avec quelques thèses [12] qui me restent du dernier cours. [5] M. le prince d’Orange, [13] M. Rivet [14] et autres honnêtes gens ont mis la paix et ont rapatrié MM. Heinsius [15] et de Saumaise, qui sont maintenant fort bons amis. [6] Ce dernier fait achever son livre de Primatu Petri et après, il nous donnera de Manna et saccharo [17][18] et son Dioscoride, faxit Deus. [7][19] On fait les tables des trois volumes de commentaires de M. Grotius [20] in Vetus Testamentum, [8] nous aurons tout dans un mois. Je vous baise très humblement les mains et suis de toute mon affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Patin.
De Paris, ce 29e de mars 1644.