Je voudrais bien avoir quelque bonne nouvelle digne de vous être mandée. On dit seulement que dans huit jours on publiera une surséance d’armes. [1] On fait marcher quelques troupes vers la frontière pour l’exécution de la paix. [2] Le duc d’Orléans [3] et le cardinal Mazarin [4] ont tous deux la goutte. [5][6] On dit que le roi [7] sortira de Paris vers le 28e de ce mois, on parle de Fontainebleau, [8] de Compiègne, [9] d’Amiens, [10] mais tout cela est incertain. [2]
M. Troisdames [11] m’a parlé de M. Chanlate, [12] et m’a prié de vous mander qu’il voudrait bien qu’il prît des eaux de Saint-Myon, [13] que l’on pourrait faire apporter d’Auvergne à Lyon, où il les prendrait sans sortir de sa maison. Je lui ai promis de vous le mander et de vous prier d’y penser. Il dit que le voyage de Bourbon [14] est trop long, il en parle comme Galien [15] dit que Thucydide [16] a décrit la peste [17] d’Athènes, tanquam idiota, sed non tanquam artifex idoneus, et peritus medicus. [3]
Voilà Noël Falconet [18] qui étudie auprès de moi, comme faisait Scipion [19] auprès d’Ennius qui, teste Claudiano, [20][21]
Hærebat doctus lateri, castrisque solebat
Omnibus in medias Ennius ire tubas. [4]
Det Dominus meliora, et quod est apud Sallustium, ei bene facere ex consuetudine in naturam vertat. [5][22] Je vous prie de faire mes recommandations à Mme Falconet. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.
De Paris, ce 2d de mai 1659.