Vous ne serez pas fâché de recevoir la présente des mains de celui qui vous la rend : c’est M. François Cousinot, [2] fils de feu M. Cousinot [3] qui mourut ici premier médecin du roi l’an 1646. Il est du côté de Madame sa mère [4] tout Bouvard, Riolan et Piètre, qui sont des noms illustres de notre profession. Je lui ai fait voir l’éloge qu’avez donné à Monsieur son père dans l’appendix que vous avez rajouté au Puteanus [5] de medicamentis purgantibus, etc. [1][6] et toute sa famille m’a témoigné de vous en savoir grand gré : voilà ce que c’est que de bien faire. Il s’en va voir l’Italie, je prie Dieu que son voyage soit bienheureux et qu’il en revienne bientôt en bonne santé. S’il a besoin de vos bons conseils ou de quelque adresse, je vous prie de l’avoir pour très recommandé et je vous en conjure par tous les droits de l’amitié désintéressée qui est entre nous deux il y a bien longtemps.
J’apprends que l’on imprime en Hollande Vossii Apologia pro Sacræ Scripturæ lxx interpretum translatione ; il est vrai que cet ouvrage sera curieux et savant, mais je ne sais si c’est du père ou du fils. [7] Nous attendons dans peu de jours Originationes linguæ Latinæ du père, [8] qui sera un fort bon livre, et un Ovide de Nicol. Heinsius, [9] in‑4o, et Epistolæ aliquot virorum illustrium, theologorum remonstrantium, qui sont Vossius < sic pour Vorstius >, [10] Barlæus, [11] Heinsius < sic pour Grotius >, [12] Episcopius, etc. [2][13][14]
On achève ici l’Histoire de la Grande-Bretagne, qui ira jusqu’au rétablissement du roi [15] d’à présent, par M. Salmonet. [16] On y imprime pareillement l’Histoire du maréchal de Matignon, [17] cela sera du temps de Charles ix [18] et de Henri iii. [19] On a fait aussi l’Histoire de la Maison royale de Courtenay in‑fo. [3] Je vous baise les mains, et à mademoiselle votre bonne femme et à M. Gonsebac, et je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Guy Patin.
De Paris, ce vendredi 22e d’avril 1661.