Il ne m’ennuie pas de vous écrire, mais je suis fâché que je n’aie quelque bonne nouvelle à vous mander, telles que seraient la paix générale en toute l’Europe, le rabais de la taille [2] et des autres impôts en France, [3] la conversion du Turc, [4] la conquête des Indes Orientales, [5] etc. Il est vrai que tout cela est bien plus à souhaiter qu’à espérer. [1] On dit que la paix est faite entre les Anglais, les Danois, les Hollandais et les Français. Je pense bien que cela se fera à la fin, mais il faut attendre le boiteux et si les Anglais n’y pensent tout de bon, il faudra qu’ils se résolvent à une forte guerre le mois de mai prochain. [6] On parle ici d’un accord entre l’Espagne et le Portugal, et que le roi [7] en a fait offrir au Conseil d’Espagne sa médiation, ce qui a été pris en bonne part. [8] Le roi et toute la cour seront ici de retour le 8e de janvier prochain et on croit que le roi ira en Bretagne au commencement de la campagne pour y voir son armée navale à Brest. [2] C’est aujourd’hui Saint-Thomas, j’apprends que l’on fait à Lyon ce jour-là des échevins. [9] Je souhaite que l’élection en tombe sur notre cher ami et que le jeune Henri, [10] qui est allé à Lyon pour haranguer ce jour-là, en vienne à son honneur. [3] J’attends des lettres de M. Spon pour réponse à ma dernière touchant les manuscrits de Gaspard Hofmann [11] que j’ai envoyés il y a quelque temps à M. Anisson, [12] sur la parole qu’il m’a donnée de les imprimer à Lyon fort correctement en deux petits volumes in‑fo qui se pourront relier ensemble tout en un. [4] Je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.
De Paris, ce 21e de décembre 1666.