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À André Falconet,
le 20 mars 1667

Monsieur, [a][1]

On ne parle que de plaintes de taxes et de grande cherté. M. Colbert, [2] interrogé sur le déprix des monnaies, [1] a répondu qu’il le fallait demander au roi [3] et qu’il n’y avait que lui qui le sût. Tout le monde est ici merveilleusement consterné et abattu, nous aurons bientôt besoin de dire comme cet ancien, Refodio Antigonum ; [2][4] mais pourtant, Dieu nous préserve et garde d’un autre Mazarin, [5] vide Lipsium Centuria i, Epistola 4[3][6] On dit ici que la paix est faite entre nous, les Anglais et les Hollandais. [7] Si cette nouvelle est vraie, les partisans et leurs héritiers en seront plus rudement traités car on exécute bien du monde pour les taxes et l’argent est extrêmement pressé par les poursuites qu’on en fait. Des archers dans Rouen ont voulu prendre un receveur du Domaine par ordre de la Chambre de justice. [8] Lui et les siens se sont défendus, quatre des dits archers y sont demeurés sur la place et le receveur n’a pas été pris. Plainte en a été faite au roi comme d’une rébellion à justice, sur quoi on a tenu Conseil à Saint-Germain. [9]

Le roi s’en va pour six jours à Versailles. [4][10] M. le duc d’Orléans [11] a demandé le gouvernement de Languedoc [12] vaquant par la mort du prince de Conti. [13] Le roi le lui a refusé, lui a augmenté son apanage en récompense, et l’a donné à M. le duc de Verneuil. [14] On dit que le voyage de M. le duc de Chaulnes [15] à Rome est encore différé pour trois mois, cela fait soupçonner que le roi et le pape [16] ne sont pas en bonne intelligence ensemble. J’irai voir M. le président de Blancmesnil [17] pour votre procès lorsqu’il sera temps, et quelques autres juges aussi, le mois prochain. Le comte de Königsmarck, [18] ambassadeur de Suède, viendra ici pour offrir au roi, de la part de son maître, une médiation entre les Français, les Anglais et les Hollandais. Les Danois sont de nouveau entrés en une nouvelle alliance avec les Hollandais. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 20e de mars 1667.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 20 mars 1667

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(Consulté le 26/04/2024)

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