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Au très distingué M. Johann Daniel Horst.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Par la lettre que vous avez confiée à notre ami M. von Pentzenau, [2] j’apprends avec joie que vous êtes en vie et vous portez bien. Je prie Dieu tout-puissant que tout vous réussisse heureusement et favorablement jour après jour. Pour moi en tout cas, je me porte bien et me tiens entièrement à votre service, comme je vous l’ai fait connaître par la lettre que je vous ai envoyée le 22e d’octobre 1660 ; [1] et comme je vous le prouverai toujours sans réserve si quelque agréable occasion s’en présente à moi. Il n’y a ici aucun nouveau livre de médecine, à part les Opérations de chirurgie de M. Thévenin, écrites en français, in‑fo, [2][3] avec le traité de Pierre Petit de spontaneo animalium motu et le Paradoxum orthodoxum de Henri Bourgeois, in‑8o, que je vous enverrai si vous les voulez. [3][4][5] Cet Aubry, dissipateur de Montpellier, est un impur fripon et un pur imposteur, dont seuls les sots et les filles de chambre recherchent les services. [6] Tout ce qu’il a pu écrire est indigne d’être lu. Il ne vit pas dans la ville, mais dans quelque recoin reculé au bout du faubourg Saint-Germain, [7] où il gagne mieux sa pitance à faire le maquereau que le médecin, métier où il est asinus ad lyram, [4] parfaitement ignorant, étant donné qu’il ne l’a jamais étudié. Il a jadis été chirurgien et s’est résolu à fuir à cause d’un homme qu’il avait tué ; il s’est fait moine en Italie et ayant abandonné le capuchon, il est rentré en France et s’est fait soldat. Le voici ensuite chimiste, charlatan, parabolain : [5][8][9][10] il se dit prêtre sans même comprendre le latin, ni l’écrire ; il se prétend abbé sans avoir d’abbaye, sinon celle de bonne espérance, mais il l’espère en vain. Il a fabriqué de la fausse monnaie, ce pour quoi on l’a déjà jeté deux fois en prison. [11] C’est un panurge : [12] il exerce maints métiers, mais n’en comprend aucun. Il n’a jamais été honnête homme et n’en a pas même le premier poil. Tout ce qu’il lui reste est de n’avoir jamais été pendu, et étranglé par le nœud coulant du bourreau et sur sentence publique ; [13] ce qu’il a pourtant très hautement mérité et finira peut-être par obtenir. Advienne que pourra. Je pourrais en raconter bien plus contre un si grand charlatan, mais il est n’est pas digne que j’y use plus longtemps ma plume. Nous attendons ici avec impatience le nouveau livre de Melchior Sebizius sur une méthode particulière, sous le titre de Speculum medico-practicum. [6][14] Je vous offre ma personne et mes biens, et vous promets toute sorte de services. Vale, très distingué Monsieur, et aimez celui qui est votre Guy Patin de tout cœur.
De Paris, le 19e de janvier 1661.
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Monsieur, [7]
Vous êtes très humblement supplié de venir visiter sous les quatre heures un gentilhomme, mon parent, logé au faubourg Saint-Germain, vis-à-vis la Belle Image à la rue du Petit Lion, chez la nourrice, à la première chambre.
C’est à la prière de monsieur votre très humble et obligé serviteur,
Pertuis Ladre. [8]
Ce 18e de janvier.