À Charles Spon, le 26 octobre 1643

Note [1]

Rappel : « pardon qu’on accorde aux disgraciés et aux condamnés » (Furetière).

L’avis Au lecteur du Rappel des Juifs éclaire sur les intentions d’Isaac de La Peyrère (1643, v. note [1], lettre 93) :

« Mon dessein est de faire voir dans ce traité que les juifs seront appelés à la connaissance de l’Évangile. En quoi je fais consister leur rappel, que je pose spirituel. Je démontre par même moyen que le salut des gentils est contenu dans le rappel des juifs, et que tous les hommes de la terre seront en même temps convertis à la foi chrétienne. C’est le sujet du premier livre.

Je fais voir ensuite que du rappel des juifs, que j’ai posé spirituel, résulte le rappel des juifs que je pose temporel. Je fais voir que les juifs convertis seront rappelés de tous les endroits du Monde où ils sont épars, pour être menés et rétablis temporellement dans la terre qui leur a été promise, qui est la Terre sainte, et leur héritage. Je démontre que ce rappel et ce rétablissement temporel des juifs se fera par le ministère d’un roi temporel qui provoquera les juifs à cette sainte jalousie de connaître Jésus-Christ et de le servir. Je fais voir que ce roi temporel sera le roi universel prédit par les saints prophètes, à qui tous les autres rois de la terre feront hommage. Et je fais voir que ce roi sera un roi de France. C’est le sujet du second livre.

Le troisième livre exhorte les chrétiens de faire tout ce qui leur sera possible pour obliger les juifs de se faire chrétiens ; à quoi les chrétiens sont exhortés et sollicités par les devoirs de la charité chrétienne, et par la considération de leur propre intérêt.

Le quatrième livre expose Jésus-Christ aux juifs et leur fait voir clairement que le Jésus-Christ venu en chair pour les gentils, doit venir en esprit pour les juifs ; ce qui est démontré par des passages tirés des Livres de l’ancienne Loi, qui sont les Livres des juifs, et par des raisons prises de leur croyance même.

Le cinquième et dernier livre propose des expédients raisonnables et possibles pour attirer les juifs à nous. Et je fais voir que dedans ces expédients se trouvent des moyens propres et plausibles pour rappeler et réunir au giron de l’Église toutes les sectes chrétiennes qui se sont séparées d’une si sainte union.

C’est le sommaire de tout ce traité. Quid dignum feram tantis promissis ? {a} Le lecteur favorable en jugera. »


  1. « Qu’apporterai-je qui soit digne de si grandes promesses ? »

La conversion (rappel) des juifs au christianisme est liée à la prophétie d’Élie et à la croyance millénaire : v. notule {a}, note [3], lettre 417. La Peyrère s’en explique ainsi (pages 176‑177) :

« Or qu’il y ait {a} des juifs que nous persécutons, qui sont Élus de Jésus-Christ, et qui sont par conséquent Membres de Jéus-Christ. Je le prouve parce que saint Paul a dit que Dieu n’a pas tellement {b} rejeté son Peuple, qu’il n’y ait toujours un Résidu parmi les juifs, comme il y en avait un du temps d’Élie, qui était un temps de défection si générale des juifs que le saint Prophète croyait être le seul qui eût la connaissance de Dieu et du vrai service de sa Loi. Seigneu, disait-il, ils ont démoli tes autels, ils ont tué tous tes prophètes, et je suis resté seul. Encore cherchent-ils ma vie. Oyons {c} la réponse que Dieu fit à ce Prophète : Je m’en suis, dit-il, réservé sept mille qui n’ont point fléchi le genou devant Baal. {d} Ainsi, dit le saint Apôtre, {e} il y a du Résidu en ce temps, comme il y en avait du temps d’Élie. Et ce Résidu est comme une sainte semence de juifs, qui succèdent les uns aux autres, que Dieu se conserve jusques à leur Rappel, et pour lesquels seulement se fera le Rappel ; […] le Rappel ne sera pas pour toute sorte de juifs, mais pour ces juifs seulement qui sont juifs et selon la Chair et selon la Promesse. »


  1. Le fait est qu’il y a.

  2. Si complètement.

  3. Écoutons.

  4. Idole adorée par les Samaritains et les Moabites dans la Bible.

  5. Saint Paul.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 26 octobre 1643, note 1.

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(Consulté le 27/04/2024)

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