À Charles Spon, le 16 novembre 1645
Note [22]
Le comte d’Harcourt, qui avait succédé au maréchal de La Mothe-Houdancourt dans sa vice-royauté de la Catalogne, avait inauguré la campagne de l’année 1645 par la prise de Roses ; il la poursuivit en battant les Espagnols à Llorens (23 juin) et en s’emparant de Balaguer (20 octobre), ville forte de Catalogne, sur la Sègre, à 20 kilomètres de Lérida. Hulst est une place alors fortifiée des Pays-Bas (Zélande), sur un bras de l’Escaut (Triaire).
La Gazette a donné les récits de ces deux sièges.
En Catalogne.
Ordinaire no 143 du 4 novembre 1645 (page 1024) :
« De Barcelone, le 22 octobre 1645. Le 20 de ce mois, les Espagnols sortirent de Balaguer, où le comte d’Harcourt entra le même jour sur les huit heures du matin, suivant la capitulation que vous en avez vue. »
En Zélande, le prince d’Orange avait entrepris le siège de Hulst le 8 octobre 1645.
« D’Amsterdam, le 23 octobre 1645. Depuis que les tranchées ont été ouvertes devant la ville d’Hulst, on a toujours tiré contre la place, d’où les assiégés n’ont pas aussi manqué à faire jouer leur canon à dessein de ruiner nos ouvrages ; mais voyant qu’ils n’en pouvaient venir à bout, le prince d’Orange les ayant mis en tel état qu’il n’y a rien à craindre, ils se sont un peu reposés afin de mieux ménager leurs munitions. Nous n’y avons encore perdu aucune personne de marque qu’un capitaine au régiment français de l’Estrade et un autre Hollandais, mais beaucoup de soldats. »
« De Bruxelles, le 28 octobre 1645. On est ici en grande appréhension de l’issue du siège de la ville de Hust, que plusieurs tiennent ici perdue, vu l’ardeur avec laquelle les Hollandais la tiennent assiégée, que la garnison est très faible, et qu’il n’y a pas beaucoup de munitions ; joint qu’il y a peu d’espérance de secours, les Français empêchant les généraux Piccolomini {a} et Lamboy de se pouvoir joindre au général Beck pour aller attaquer les Hollandais par derrière ; et quand même ils se pourraient joindre, le prince d’Orange y a donné si bon ordre qu’il n’appréhende rien de ce côté-là. »
« D’Anvers, le 3 novembre 1645. Les Hollandais pressent toujours de plus en plus la ville d’Hulst, contre laquelle le 29 du passé ils tirèrent furieusement. Néanmoins, les assiégés se défendent toujours bien, quoiqu’avec peu d’apparence de secours. Mais ce qui nous console est le procédé du prince d’Orange, lequel ayant déjà donné ordre aux siens de ne tirer point contre l’église de ladite ville d’Hulst, nous fait espérer un bon traitement, et surtout une liberté de conscience dans toutes les villes qu’il prendra sur nous. »
« De Hulst, le 7 novembre 1645. Le 28 du passé le prince d’Orange fit jeter quantité de bombes dans la ville de Hulst, dont le grand effet fut jugé par le cri que firent ensuite la plupart des femmes de la ville. […] Le 31 la galerie du sieur de Brederode ayant été achevée, celle du prince d’Orange le premier de ce mois, et le deuxième toutes les mines étant prêtes, Son Altesse fit sommer le même jour pour la dernière fois le gouverneur, qui ne voulut point encore parler de se rendre ; mais le lendemain troisième, se voyant destitué de toute espérance de secours, et que tout était prêt pour l’assaut, fit assembler le matin son conseil de guerre, de l’avis duquel il fut résolu de parlementer, comme on fit le lendemain, les otages ayant été donnés de part et d’autre, et après plusieurs contestations on demeura d’accord des articles que vous avez vus. » {a}
- Renvoi à l’extraordinaire no 149 du 17 novembre 1645 (pages 1073‑1077).