À Charles Spon, le 1er juillet 1650

Note [8]

Journal de la Fronde (volume i, fo 246 ro, 1 er juillet 1650) : après que Mazarin eut raccommodé la mésentente qui opposait les lieutenants généraux du roi (v. note [19], lettre 234),

« l’armée s’étant mise en campagne le 24 du passé, forte de 17 à 18 000 hommes, alla premièrement camper à Ribemont. {a} Aussitôt toutes les garnisons des places voisines l’allèrent joindre, en sorte qu’elle est maintenant de 22 000 hommes effectifs, savoir 13 000 fantassins et 9 000 chevaux avec 20 pièces de canon. Les ennemis, plus forts que nous de 2 000 hommes seulement, ouvrirent la tranchée devant Guise le soir du 23, et après y avoir dressé quatre batteries, commencèrent le lendemain à battre la place. Le 25, notre armée s’alla poster depuis Vadencourt jusqu’à Hannapes, {b} en sorte qu’elle n’est éloignée de l’armée ennemie que d’une portée de canon, n’y ayant que le ruisseau {c} entre eux. Le soir du même jour M. le cardinal arriva à Saint-Quentin, d’où il partit le lendemain pour aller au camp ; et y étant arrivé, il marcha à la vue des ennemis et se montra à la tête d’un escadron de cavalerie ; après quoi il alla au quartier du roi, qui est à Grougi {d} où il coucha trois nuits de suite, donnant les ordres en qualité de généralissime. La garnison de Guise est composée des régiments de Clermont et de Guise, et de ce qui reste de celui de Persan, outre un de Suisses et un de Polonais. Notre armée, n’ayant pas jugé à propos de forcer les lignes pour secourir la place, s’est contentée d’empêcher les convois aux ennemis qui ont grande disette de vivres, à cause de quoi leurs soldats se débandent en grand nombre. Ils ne battent plus la ville mais le château seulement, dont ayant pris le 28 la contrescarpe du fossé, ils en furent ensuite chassés par la garnison, laquelle ne saurait plus tenir que quatre ou cinq jours ; et l’on a commencé à croire que les ennemis la prendraient aussitôt qu’on a su que M. le cardinal avait quitté l’armée, parce que s’il y eût < eu > apparence de la pouvoir secourir, il en eût voulu avoir la gloire. » {e}


  1. À 17 kilomètres au sud-ouest de Guise.

  2. Le long de l’actuel canal de la Sambre à l’Oise, au nord-ouest de Guise.

  3. Le Noirieu, affluent de l’Oise.

  4. À 4 kilomètres au nord-ouest de Vadencourt.

  5. Les Espagnols n’en furent pas moins contraints de lever le siège de Guise (v. note [1], lettre 236).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er juillet 1650, note 8.

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(Consulté le 26/04/2024)

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