À André Falconet, le 17 février 1660

Note [4]

« On appellera ma Maison, Maison de désolation. »

Une lettre de Rancé à Arnauld d’Andilly (v. note [4], lettre 845), datée de Blois, le 8 février 1660 reprend ce récit ; Chateaubriand l’a transcrite par dans sa Vie de Rancé (v. note [6], lettre 480 ; livre ii, pages 80-81) :

« Je n’aurais pas été tant de temps sans avoir l’honneur de vous écrire si la maladie et la mort de Monsieur ne m’en avaient empêché. Je vous avoue que, l’ayant assisté autant que je l’ai pu dans les derniers moments de sa vie, je suis tellement touché d’un spectacle si déplorable que je ne puis m’en remettre. On a cette consolation qu’il est mort avec tous les sentiments et toute la résignation qu’un véritable chrétien doit avoir en la volonté de son Dieu. Il reçut notre Seigneur dès le commencement de son mal, et eut le soin lui-même de le demander une seconde fois pour viatique avec de grandes démonstrations d’une foi vive et d’un parfait mépris des choses du monde. Quelle leçon, Monsieur, pour ceux qui sont persuadés de son néant et qui travaillent pour s’en déprendre ! Ce pauvre prince dit le matin du jour de sa mort ces mêmes mots : Domus mea, Domus desolationis. Et comme on lui voulut dire qu’il n’était pas si mal qu’il pensait, il répliqua : Solum mihi superest sepulchrum. {a} Ensuite il demanda l’extrême-onction et dit qu’il était résolu à la volonté de Dieu ; enfin je suis persuadé qu’il lui a fait miséricorde. »


  1. « Le tombeau est tout ce qui me reste » (Job, 17:1).

L’amertume de Gaston d’Orléans sur son lit de mort exprimait sans doute l’échec global de sa vie, dans le rôle ingrat de frère cadet du roi Louis xiii, ayant toujours refusé de se soumettre à lui, avec le rêve obsédant de prendre sa place (v. infra, note [7]). L’extinction de sa lignée princière, faute d’héritier mâle (les femmes ne transmettaient pas la qualité de prince du sang royal), devait aussi y prendre part. Son neveu, le duc Philippe d’Anjou, frère cadet de Louis xiv, allait hériter du duché d’Orléans et du titre de Monsieur.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 17 février 1660, note 4.

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(Consulté le 23/04/2024)

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