À André Falconet, le 16 mars 1660

Note [5]

Olivier Patru (Paris 1604-ibid. 1681) était le fils d’un procureur au Parlement qui égayait les ennuis de sa charge par l’étude des arts et des lettres, et par des distractions mondaines. Tout en exigeant que son fils suivît des cours de droit, il lui donna le goût des belles-lettres. Reçu licencié en droit et lettres, Olivier partait pour l’Italie où il rencontra Honoré d’Urfé et se lia intimement avec lui. De retour en France, il se fit inscrire au barreau de Paris pour devenir le premier avocat de son temps. L’Académie française l’avait reçu en 1640. Profondément touché de cette haute distinction, Patru « y prononça un fort beau remerciement, dont on demeura si satisfait qu’on a obligé tous ceux qui ont été reçus depuis d’en faire autant » (Paul Pellisson-Fontanier, Histoire de l’Académie française, Paris, 1743, tome premier, page 211). Bien que fort pauvre, Patru se faisait rarement payer ses admirables plaidoiries. Bienfaisant et généreux jusqu’à l’imprudence, il donnait à la première infortune qui s’adressait à lui le peu qu’il recevait de ses clients. Avec l’âge, ses forces s’étaient affaiblies et n’ayant plus la ressource des plaidoyers, il était tombé dans une quasi-misère. Nicolas Boileau-Despréaux, son ami, lui acheta sa bibliothèque sous la seule condition que Patru la conserverait jusqu’à sa mort (G.D.U. xixe s.).

V. note [1], lettre 521, pour la séance de l’Académie française en présence de la reine Christine de Suède, en mars 1658. Vite lassé par les lenteurs du dictionnaire de l’Académie et irrité par sa décision de ne pas utiliser de citations dans ses définitions, Patru s’associa aux lexicographes dont le travail a abouti en 1680 au dictionnaire de César-Pierre Richelet, qui a précédé ceux d’Antoine Furetière (1690) et de l’Académie (1694, v. note [3] du Faux Patiniana II‑7).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 16 mars 1660, note 5.

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(Consulté le 18/04/2024)

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