Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7
Note [15]
Appian Alexandrin, {a} historien grec, des Guerres des Romains livres xi, traduits en français par feu Maître Claude de Seyssel, premièrement évêque de Marseille, et depuis archevêque de Turin…, {b} livre iv, chapitre v, pages 224 vo‑225 ro :
« Les princes, {c} qui espéraient retirer grandes sommes de deniers pour fournir à la dépense de la guerre, trouvèrent qu’il leur fallait bien encore deux cent mille talents pour leur entreprise. À cette cause, voulant recouvrer cette somme sur la cité, proscrivirent {d} quatorze cents femmes des plus riches de Rome, auxquelles enjoignirent de payer, chacune pour la valeur de ses biens, pour les nécessités de la guerre, la somme à quoi elles seraient taxées par eux. Et proposèrent peine à celles qui occulteraient aucuns de leurs biens, ou qui les estimeraient à moindre prix ; et loyer à ceux qui les révéleraient, {e} tant francs qu’esclaves. Lesquelles femmes proscrites {d} délibérèrent de faire supplier les princes {c} pour elles par celles des autres femmes qu’ils savaient leur être plus agréables : auquel besoin ne furent point reboutées ni refusées par la sœur de César ni par la mère d’Antoine, mais < le furent > par Fulvie, sa femme, tant seulement, qui leur fit fermer sa porte ; {f} dont toutes courroucées, par grande indignation, s’en allèrent au Palais, {g} où pareillement furent reboutées par les tribuns et soldats des princes ; {c} mais néanmoins, disant à haute voix qu’elles voulaient parler en la présence du peuple, eurent audience. Et Hortensia, qui avait été élue par les autres pour haranguer, parla au nom de toutes ainsi qu’il s’ensuit. […] {h} Ainsi que Hortensia continuait ce propos, les trois princes {c} (indignés et courroucés que les femmes eussent cette audace de haranguer et concionner au peuple, {i} là où les hommes n’osaient parler, et d’enquérir des choses qu’ils voulaient faire, et aussi qu’elles refusassent de contribuer argent là où les hommes ne refusaient point à servir de leurs personnes à la guerre) commandèrent à leurs sergents qu’ils les reboutassent, et fissent vider hors l’auditoire. Et voyant que le peuple le prenait mal, et s’écriait que c’était mal fait, se retinrent un petit {j} et remirent la chose au lendemain ; auquel jour modérèrent le nombre des femmes proscrites de quatorze cents à quatre cents, lesquelles devaient rendre compte de leurs facultés. {k} Mais des hommes, à savoir des plus riches, < ils > en proscrivirent, {d} pour payer argent, plus de cent mille, tant des citoyens que des étrangers, de toutes conditions, sans excepter prêtres ni autres, ainsi que jadis avait été fait par semblable forme au temps de la guerre des Celtes ; car il fut ordonné que tous devaient prêter la cinquantième part de leur vaillant, {k} et outre ce, le revenu d’une année entière. »
- Appien d’Alexandrie, v. note [98], chapitre ii du Traité de la Conservation de santé.
- Paris, Pierre du Pré, 1569, in‑fo de 586 pages.
- Les triumvirs : Marc Antoine, Lépide et Octave Auguste (futur premier empereur romain, et ici prématurément dénommé César) ; cette affaire s’est déroulée en 43 av. J.‑C., l’année suivant l’assassinat de Jules César.
- « Proscrire » est à prendre au sens atténué d’« imposer ».
- Récompense à ceux qui les dénonceraient.
- Fulvia, épouse de Marc Antoine, les « rebouta » (les chassa, leur claqua la porte au nez), alors que sa mère, une Julia apparentée à Jules César, et Octavia, la sœur d’Octave Auguste, avaient favorablement reçu les contestataires.
- Le Sénat.
- Suit l’éloquent discours d’Hortensia, qui était probablement la sœur de l’avocat romain Quintus Hortensius.
- Plaider devant le peuple, concionnari en latin.
- Se modérèrent un peu.
- Montant de leur fortune.
V. note [24], lettre 360, pour le sac de Rome par les Gaulois en 390 av. J.‑C.