< L. 281.
> À André Falconet, le 30 janvier 1652 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À André Falconet, le 30 janvier 1652
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0281 (Consulté le 06/10/2024) | ||||||||||||
C’est pour vous remercier de votre belle lettre du commencement de ce mois. Je vous manderais volontiers quelque bonne nouvelle, mais il n’y a rien ici d’assuré. J’ai pourtant écrit à M. Spon la plupart de ce qui se dit ici. Le Mazarin [2] a passé toutes les rivières, il n’a plus que le Rubicon [3] à franchir et après il pourra dire : iacta est alea. [1][4] Si quelque torrent de Cédron [5] le pouvait engloutir, [2] ce nous serait un grand bonheur, et à toute la France. [6]
Trois régiments allemands de cavalerie ont pris le parti du duc d’Orléans. [7] On les envoie à Montrond [8] avec les régiments du même prince qui étaient devers Montargis, [9] pour en chasser le comte de Palluau [10] qui y tient le blocus pour le Mazarin. On vend toujours ici la bibliothèque [11][12] de ce rouge tyran. Seize mille volumes en sont déjà sortis, il n’en reste plus que vingt-quatre mille. Tout Paris y va comme à la procession. J’ai si peu de loisir que je n’y puis aller ; joint que le bibliothécaire qui l’avait dressée, qui est M. Naudé, [13] mon ami de 35 ans, m’est si cher que je ne puis voir cette dissolution et destruction ; joint que sic placuit superis, quærere plura nefas. [4] M. le duc de Nemours [14] est parti hier d’ici et est allé vers Stenay [15] y faire signer l’accord des princes au duc de Lorraine ; [16] si bien que, si Dieu y met la main, le mois d’avril prochain, bella horrida bella ! [5][17] Quoi qu’il en arrive, je serai toute ma vie, Monsieur, votre, etc. De Paris, ce 30e de janvier 1652. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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