À Charles Spon, le 4 août 1654, note 1.
Note [1]

Guy Patin était alléché par le titre d’un livre paru six ans auparavant :

Tyrannomanie jésuitique, dédiée à Monseigneur le baillif d’Yverdon. {a} Autrement Chronologie historique tirant des plus sombres et ténébreux cachots de l’ignorance, au jour de la pure et sincère vérité, les claustrales subtilités et politiques attentats pratiqués par les jésuites en toutes les monarchies, empires, royaumes et principautés de l’univers. Les temps, provinces et villes esquelles {b} les susdites actions si peu raisonnables ont paru aux yeux des hommes. Ensemble les noms et intentions de ceux qui en ont été les auteurs, suivant l’ordre des temps d’année en année, depuis l’an 1540, qui fut le commencement de leur institut, jusques en l’an 1640, qui est un siècle entier. {c}


  1. Épître signée A. Du Voyer, « À haut et généreux Seigneur, Monseigneur François-Louis de Graffenried, Seigneur de Gerzenthzéé, Seigneur Baillif d’Yverdon » (v. note [11], lettre 279).

  2. Dans lesquelles.

  3. Villefranche, Guillaume Bontemps, 1648, in‑8o de 395 pages.

Ce brûlot est l’œuvre d’Antoine Du Voyer. La France protestante (deuxième édition, Paris, 1886, tome cinquième, colonnes 1112‑1113) est le seul ouvrage où j’ai trouvé des indications sur Du Voyer : {a}

« Originaire de SaintMalo en Bretagne, se retira en 1645 à Genève, où il abjura le catholicisme ; en 1648, il était à Berne, et en avril 1649 il fut nommé (par la protection de M. Fr.‑L. de Grafenried, bailli bernois à Yverdon) premier régent au collège de cette ville, où il mourut le 27 mars 1651. »

La même source lui attribue un pamphlet anonyme, imprimé clandestinement à Yverdon en 1649 :

Chrétienne et charitable Remontrance adressée à Jean-Louis Rouvrai, lequel de pasteur en l’Église française de Berne est devenu meunier {b} en celle de Fribourg. {c}


  1. Article rédigé par le théologien et historien calviniste Auguste Bernus (Paris 1844-Lausanne 1904).

  2. « On dit qu’on est devenu d’évêque meunier, quand on a quitté une condition pour en choisir une moins honorable » (Trévoux).

  3. Interdit et confisqué par le Conseil de Bâle sur la plainte de Rouvrai, ce libelle est aujourd’hui introuvable.

    Rouvrai, originaire de Verdun, avait abjuré le protestantisme en 1649, pour enseigner la théologie catholique dans le diocèse de Lausanne. Il riposta dans le tome i de L’Abomination du calvinisme par Jean-Louis de Rouvrai, professeur en théologie, ci-devant premier ministre français du canton de Berne en Suisse (Paris, François sans Peur, 1650, in‑4o de 589 pages, sans autre tome que j’aie su trouver).

    L’auteur de la Tyrannomanie y est longuement traîné dans la boue, pages 435‑453 et suivantes : son véritable nom serait Jacques Chocus, bâtard d’une prostituée de Montargis, devenu le frère Gracian, moine récollet à Châlons-en-Champagne, etc.

    La Remontrance est réfutée et attaquée avec autant de virulence pages 476‑483, mais sans être attribuée à Du Voyer ou à Chocus.

    Bernus conclut :

    « Comme de Rouvrai mérite fort peu de confiance et se montre des plus médisants à l’égard de tous les protestants avec qui il a eu des rapports, nous ne rapportons ces renseignements que sous toutes réserves. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 4 août 1654, note 1.

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(Consulté le 29/03/2024)

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