Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, page 447, jeudi 10 février 1666) :
« J’ai omis d’écrire en leur lieu deux fâcheuses affaires arrivées aux pères jésuites, l’une du P. Le Clerc, procureur général de leur Ordre, {a} qui avait grand crédit parmi eux et qui était choisi pour être confesseur de la duchesse de Savoie, lequel étant même averti que sa mauvaise conduite était découverte, ne laissa pas de revenir ici, croyant dissiper par sa présence tout ce qui avait été dit ; mais il fut retenu prisonnier à Orléans et l’on a vérifié qu’il avait consommé plus de quatre à cinq cent mille livres, et qu’il entretenait une fille débauchée dans la rue des Escouffles et se conduisait mal. L’autre du P. Faverolle, qui était un prédicateur fort estimé dans leur maison, lequel, dans des conférences qu’il avait eues avec Mme Du Tillay, s’était débauché et faisait une vie scandaleuse avec elle, et s’était retiré des jésuites. Mais comme il avait fait ses vœux, les pères jésuites le firent prendre prisonnier, il y a environ quinze jours, et il fut pris chez ladite dame, le matin, y ayant passé la nuit, et fut conduit au collège des jésuites, nonobstant que cette dame voulût donner deux mille écus à l’exempt pour le laisser sauver. Les ennemis des jésuites font valoir ces accidents fâcheux dont les grandes communautés ne se peuvent pas garantir. » {a}
- Le scandaleux Pierre Le Clerc était procureur général (chargé des affaires juridiques) de la province jésuite de France.
- Cette sombre affaire et celle du P. Faverolle sont aussi évoquées, au travers d’une lettre du prince de Condé, dans la note [3], lettre 874.
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