À André Falconet, le 24 octobre 1662, note 12.
Note [12]

On murmurait déjà fort sur les assiduités de Louis xiv pour Louise Françoise de La Baume Le Blanc (1644-1710), demoiselle puis duchesse (1667) de La Vallière. Sa mère, veuve de Laurent de La Baume Le Blanc, sieur de La Vallière, s’était remariée au baron de Saint-Rémy, maître d’hôtel du frère du roi. Elle avait placé Louise comme demoiselle d’honneur près de Henriette-Anne d’Angleterre (Madame Henriette), devenue duchesse d’Orléans en épousant Philippe, en 1661.

Louis xiv était fort épris de sa nouvelle belle-sœur et mit tout en œuvre pour la conquérir. C’était une liaison scandaleuse et pour la cacher, ses bons courtisans suggérèrent au roi qu’il ferait bien de paraître amoureux d’une des filles d’honneur de celle qu’il aimait, ce qui lui donnerait toute facilité de séjourner dans les appartements réservés. Trois des filles d’honneur furent mises en avant pour jouer ce rôle, Mlles de Chumerault, de Pons et de La Vallière.

Louis xiv choisit la dernière à cause de sa candeur et de sa simplicité qui l’éloigneraient de tout soupçon ; mais Mlle de La Vallière aimait déjà en secret le monarque depuis qu’elle l’avait vu à Blois allant à la rencontre de l’infante Marie-Thérèse ; elle laissa deviner son secret penchant, et Louis xiv se laissa prendre à son tour par tant de grâce et de charme. L’intimité de leur relation avait commencé à Fontainebleau en 1661.

Amoureuse de l’homme plutôt que du roi, Louise mit beaucoup de soin à cacher son bonheur. Elle obligeait son royal amant à prendre de si grandes précautions que la cour ignorait où ils en étaient de leur idylle, ou était réduite à de vagues conjectures. Nicolas Fouquet, tout fin politique qu’il fût, s’y laissa prendre : Mlle de La Vallière lui semblant une utile source de renseignements sur les secrets de la cour, le surintendant des finances voulut se l’acheter pour 20 000 pistoles, qu’elle refusa en s’offusquant ; cela put même accroître la haine du roi contre son arrogant ministre et précipiter sa chute. La liaison demeura cachée tant que vécut la reine mère, mais Mlle de La Vallière était de toutes les fêtes et de tous les divertissements ; elle y brillait dans les premiers rôles, et toujours avec le roi. C’est pour elle que fut donné le carrousel des Tuileries ; pour elle aussi que fut ordonnée une des plus belles et des plus coûteuses fêtes de Versailles, en 1664.

Deux enfants survécurent à cette union : Marie-Anne, Mlle de Blois, née en 1666, et Louis, comte de Vermandois, né en 1667. Définitivement délaissée en 1674, Mlle de La Vallière se retira au couvent des carmélites où elle prit le voile sous le nom de Louise de la Miséricorde et fit preuve, 36 ans durant, d’une piété austère (G.D.U. xixe s.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 24 octobre 1662, note 12.

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(Consulté le 28/03/2024)

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