Journal de la Fronde (volume i, fo 76 ro et vo, de Paris en août 1649) :
« Le 8 on sut que M. le Prince, étant arrivé à Compiègne, {a} trouva qu’on avait déjà parlé au Conseil de revenir à Paris à cause qu’on avait su qu’en partant d’ici il avait promis de faire tous ses efforts pour ramener le roi et que sur cela, le retour de Sa Majesté fut résolu pour le 15 ; à quoi l’on ajoutait que M. le cardinal devait partir en même temps pour retourner à Saint-Quentin où M. le duc d’Orléans et M. le Prince y devaient aller après avoir accompagné ici le roi, pour s’aboucher en quelque lieu sur la frontière avec l’archiduc Léopold, le duc de Lorraine et le comte de Pigneranda, auxquels M. de Lionne allait faire la proposition afin de conférer de la paix.
Le même jour, le duc de Mercœur et le maréchal d’Estrées étant arrivés ici, firent leur possible pour disposer le duc de Beaufort d’aller à la cour, mais celui-ci leur ayant répondu qu’il n’y pouvait aller qu’à condition de ne point voir M. le cardinal et qu’on l’en solliciterait toujours en vain, ils le mandèrent ainsi à la cour où Son Éminence, ayant appris cette nouvelle et d’ailleurs ne pouvant souffrir que le roi revînt à Paris sans elle, fit en sorte que la reine dit hautement qu’elle n’y irait point et que la résolution qui avait été prise n’aurait point son effet, dont toute la cour commençait à murmurer. Sur cela M. le Prince fut voir la reine et lui dit que le retour du roi était de si grande importance que le salut de l’État en dépendait absolument. M. d’Orléans, voyant les instances de M. le Prince, fut aussitôt représenter la même chose à la reine et Mlle d’Orléans ne manqua pas d’y ajouter ensuite ses intercessions pour gagner cela sur l’esprit de Sa Majesté. Enfin, M. le cardinal voyant que Messieurs les princes se débattaient à l’envi à qui contribuerait le plus au retour de la cour, dit à la reine qu’il fallait se résoudre quand on en devrait périr ; de sorte qu’il fut arrêté au Conseil qu’on partirait pour cet effet de Compiègne le 18 et sur cela, on envoya des lettres de cachet à toutes les compagnies souveraines de Paris et au prévôt des marchands pour leur en donner avis, et l’on prépara le Palais-Royal et celui d’Orléans. M. de Lionne qui était parti de Compiègne le 8 pour Cambrai en revint le 11, mais on ne sait pas si M. le cardinal viendra ici ou s’il ira vers la frontière ; et parce qu’on accommode le château de Vincennes, quelques-uns croient qu’il y pourra loger afin d’être plus en sûreté. »
- Le 4, revenant de Bourgogne.
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