À Charles Spon, le 4 décembre 1651, note 14.
Note [14]

Tallemant des Réaux a consacré une historiette à l’événement (tome ii, pages 738‑739) :

« < Varin > fit fortune à la Monnaie, et est fort riche. On l’a accusé aussi d’avoir empoisonné le premier mari de sa femme et on dit que la fille du premier lit était sa fille. Cette fille, qui était bien faite, a eu une étrange destinée. Varin la voulut marier à un homme dont je n’ai pu savoir le nom. Elle y témoigna de la répugnance. Depuis, il l’accorda à un auditeur des comptes, fils d’un vendeur de marée, en titre d’office (de 300 000 livres). Cette fille voyant que cet homme était fort mal fait, pria son beau-père de lui donner plutôt le premier. Il dit qu’il était trop engagé. Le soir des noces, le marié, qui est fort ivrogne, s’enivra. Je pense que cela désespéra cette pauvre fille en deux jours qu’elle fut avec lui car, pour un mal de garçon, il s’absenta aussitôt. Elle reconnut qu’il était bordelier {a} et stupide ; car pour ivrogne, elle ne pouvait pas l’ignorer. Avec cela, il n’avait qu’une bonne jambe ; l’autre était de bois, mais chaussée à l’ordinaire. On a dit que la veille des noces, elle avait voulu s’empoisonner, mais qu’elle ne put. Si cela est, apparemment elle savait tous les défauts de cet homme. Au bout de huit ou dix jours, elle en vint à bout : le jour de devant, elle parut la plus gaie du monde ; ce fut avec du sublimé {b} qu’elle mit dans ses œufs comme du sel. Après, elle envoya quérir Varin, mais c’était si tard qu’il n’y avait plus de remède. Elle eut pourtant le loisir de se confesser. Chez lui, on a dit que ç’avait été par mégarde, que le sublimé sert à la monnaie et qu’elle le prit pour du sel. »


  1. « Vilain, débauché, qui hante les femmes de mauvaise vie » (Furetière).

  2. « Poison violent qui se fait en sublimant du mercure avec des sels violents dans un alambic, comme du sel ammoniac, et du vitriol » (ibid.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 4 décembre 1651, note 14.

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(Consulté le 26/04/2024)

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