À Charles Spon, le 9 mai 1653, note 15.
Note [15]

Condé, déçu par la tournure que prenaient les événements, s’était longtemps fait désirer dans la capitale des Pays-Bas espagnols.

Journal de la Fronde (volume ii, fos 210 ro et 222 ro) :

« On écrit de Bruxelles, du 12 de ce mois, {a} que M. le Prince était encore ce jour-là à Namur ; que néanmoins le comte de Fuensaldagne avait fait préparer le meilleur appartement de son palais à Bruxelles pour l’y recevoir au premier jour ; qu’on y parlait diversement du sujet qui pourrait retarder sa venue, les uns voulant qu’il ne fût pas satisfait des honneurs et de la réception qu’on lui voulait faire, et de la manière de sa contenance auprès de l’archiduc {b} et du duc de Lorraine, et les autres, qu’on obligeait, sous prétexte de lui préparer une plus belle réception, d’attendre que les ministres d’Espagne fussent en état de lui présenter une grosse somme d’argent, qui serait le meilleur régal qu’ils lui pourraient faire ; que cependant, il pressait extraordinairement qu’on lui baillât de quoi commencer la campagne, mais que le manque d’argent la retardait beaucoup ; que néanmoins, on se résolvait, pour en avoir promptement, de donner en gage le territoire d’Alost, dans la province de Flandres, au duc de Lorraine qui offrait de prêter, sur cette assurance, 600 mille florins ; qu’en attendant, on faisait marcher quelques troupes vers la Champagne pour fortifier les garnisons de Rethel et Sainte-Menehould ; et que M. le Prince menace toujours de venger le mauvais traitement qu’on ferait en France à M. de Croissy sur les prisonniers qu’il tient et de le faire venger encore sur ceux que son frère {c} tient à Bordeaux ; mais il paraît bien qu’on ne l’appréhende pas ici [à Paris] puisque le Conseil a ôté la connaissance de cette affaire au Parlement et a député MM. de La Poterie et de Besons, conseillers d’État, pour interroger Croissy et Vineuil, et en instruire leur procès, qu’on parle, après, de faire juger par quatre maréchaux de France, quatre conseillers d’État, et par quatre maîtres des requêtes. […]

Les avis de Flandres portent que M. le Prince était encore le 10 de ce mois {d} à Bruxelles où l’archiduc lui donnait la droite et la porte, et lui faisait aussi tous les honneurs qu’il a accoutumé de faire au duc de Lorraine ; qu’il y préparait un beau ballet pour danser devant lui, mais que cela n’empêchait pas qu’il ne continuât à solliciter qu’on commençât la campagne de bonne heure ; que pour l’obliger à patienter, on lui avait donné 100 mille écus en attendant qu’on fût en état de lui accorder sa demande ; et qu’il avait fait défendre au Gazetier de le nommer dans la Gazette, ayant trouvé mauvais qu’il eût fait mention de son arrivée à Bruxelles. » {e}


  1. Avril 1653.

  2. Léopold.

  3. Conti.

  4. Mai.

  5. L’ordinaire de la Gazette (no 55, du 10 mai 1653, page 435) annonçait en effet, en date de Bruxelles, le 26 avril 1653 :

    « Le prince de Condé étant parti le 22 du courant de Namur, où il a demeuré près d’un mois, le 22 il vint coucher à Limale, et le lendemain sur les quatre heures après midi, arriva en cette ville où il a été fort bien reçu de l’archiduc Léopold qui lui a donné son logement dans le palais. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 9 mai 1653, note 15.

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(Consulté le 28/03/2024)

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