Bibliomanie : mot dont on a attribué la paternité à Guy Patin, pour dire « passion, fureur d’avoir des livres » (Trévoux).
Vigneul-Marville (Mélanges, volume 1, pages 55‑56) :
« La bibliomanie (comme disait feu M. Patin) a été une des maladies de ce siècle. Chacun, par un luxe curieux, studiosa luxuria, a voulu avoir des livres et former de grands corps de bibliothèques : Inumerabiles libros, et bibliothecas, quarum dominus vix tota vita sua indices perlegit. {a} Jam enim inter balnearia et thermas, bibliotheca quoque, ut necessarium domus ornamentum expolitur. {b} On a envoyé pour cela, non seulement dans toute l’Europe, mais aussi dans l’Orient, pour découvrir des livres très anciens et des manuscrits rares ; ce qui a donné lieu à bien des fourberies et des bévues. Il y a quelques années que des ignorants ou des fourbes envoyèrent ici, du bout du monde, des manuscrits arabes très bien conditionnés et d’un parfaitement beau caractère. Ils furent reçus avec respect par ceux qui n’y entendaient rien ; mais les connaisseurs ayant jeté les yeux dessus, on sut bientôt que ces manuscrits, qu’on avait pris pour des livres très curieux, n’étaient que des registres et des livres de compte mis au net par des marchands arabes : Risum teneatis amici ? » {c}
- « Livres innombrables et bibliothèques débordantes, dont le propriétaire a à peine assez de sa vie entière pour n’avoir lu que les titres » (Sénèque le Jeune, La Tranquillité de l’âme, chapitre 9, § 4).
- « Aujourd’hui bains et thermes sont aussi garnis d’une bibliothèque, c’est l’ornement obligé de toute maison » (ibid. supra § 7).
- « Comment n’en pas rire, mes amis ? » (Horace, L’Art poétique, vers 5).
La conférence que j’ai donnée à l’École des chartes, le 13 octobre 2015, était consacrée à la Bibliomanie de Guy Patin. |