« Après la prise de Bapaume, le maréchal de La Meilleraye, demeuré seul général par la retraite de celui de Brézé, donna le bâton de maréchal de France, au nom du roi, au comte de Guiche ; et s’étant retiré lui-même pour aller aux eaux, le laissa seul commandant les armées. Ce nouveau maréchal marcha dans le Boulonnais où, sachant que les Espagnols étaient si bien retranchés devant Aire qu’il n’y avait aucune apparence de les attaquer, il mit toutes ses troupes à couvert dedans des villages, à cause du mauvais temps, et y demeura jusqu’à la fin de décembre, que, Algubère ayant consommé tous les vivres qu’il y avait dans Aire, se rendit à composition et laissa, en sortant, aux Espagnols 14 pièces de canon de batterie, que l’armée française en se retirant n’avait pu emmener. Alguebère et le marquis de La Boulaye, volontaire qui était demeuré pour défendre la place, furent bien reçus du roi à Saint-Germain ; lequel, pour témoigner à Alguebère la satisfaction qu’il avait de ses services, le pourvut du gouvernement de Charleville et du mont Olympe. Durant le blocus d’Aire, le cardinal-infant tomba malade dans son camp, d’une fièvre qui le força de quitter son armée pour se faire porter à Bruxelles, où il mourut {a} regretté généralement de tout le monde, et avec raison : car c’était un prince doué de toutes sortes de bonnes qualités, qui lui avaient attiré l’amitié de tous les ordres du pays ; ce qui lui préjudicia, selon l’opinion de plusieurs, qui croient que cet amour des peuples donna de la jalousie en Espagne, et que la crainte qu’on eut qu’il ne se voulût rendre maître des Pays-Bas, en prenant une alliance avec la France, lui avait abrégé ses jours. »
- Le 9 novembre 1641.