À Charles Spon, le 17 août 1643, note 2.
Note [2]

Marc-Antoine Gérard, sieur de Saint-Amant (Rouen 1594-Paris 1660) est resté moins fameux pour ses poésies que pour ses débauches, sa goinfrerie et son ivrognerie. Membre de l’Académie française dès sa fondation (1635), il avait été dispensé du discours d’usage à condition qu’il écrirait la partie comique du Dictionnaire et l’enrichirait du vocabulaire grotesque, ce qu’il ne fit jamais. En 1637, il avait accompagné le comte d’Harcourt qui commandait la flotte envoyée contre l’Espagne et chanté en vers, tantôt sérieux, tantôt badins, les exploits de son protecteur. Il l’avait aussi suivi en Piémont, puis dans ses deux ambassades à Rome et à Londres. Plus tard, Saint-Amant se mit au service de la reine de Pologne, Marie de Gonzague, qui lui alloua une pension de 3 000 livres et le nomma gentilhomme de sa Maison. Lors des premiers troubles de la Fronde, il sentit sa verve satirique se réveiller et fit circuler ses Triolets sur les affaires de mon temps et une chanson satirique sur le prince de Condé. Le prince le fit bâtonner sur le Pont-Neuf par ses valets, et Saint-Amant se dépêcha de gagner Varsovie de peur d’accidents plus sérieux. Après une vie aux innombrables aventures, Saint-Amant mourut dans la misère (G.D.U. xixe s.).

Guy Patin citait ici l’une des meilleures de ses productions, La Rome ridicule, Caprice (sans lieu ni nom, ni date [1643], petit in‑fo de 54 pages), qui est un recueil de 101 dizains où le poète accable de sarcasmes orduriers tout ce qui se voit et se fait à Rome, « la chiasse des nations ». L’ouvrage fut condamné dès sa parution, et ne circula plus que sous le manteau. Patin en a plusieurs fois parlé de manière neutre, mais devait en priser certains vers, comme ce dizain lix :

« Que vois-je là dans ce carrosse ?
Quoi, moine, vous venez ici ?
Et quoi, vous saluez aussi
Ces chiennes qu’il faut que je rosse ?
Ha ! c’est trop, vous en abusez,
Nous sommes tout scandalisés
De vos œillades libertines.
Retirez-vous, pères en Dieu,
Ni les vêpres, ni les matines
Ne se chantent point en ce lieu ».

Le virulent scazon latin de Joseph Scaliger In Romam [Contre Rome] (v. note [24], lettre 207) conclut l’assaut.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 août 1643, note 2.

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(Consulté le 27/04/2024)

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