À André Falconet, le 1er février 1650, note 2.
Note [2]

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, pages 203 et 205, mardi 18 janvier 1650) :

« Le soir à cinq heures, on s’assemble au Palais-cardinal chez la reine comme pour tenir le Conseil d’en haut, à cause que le jour précédent, qu’il y en devait avoir, il n’y en eut point.

La reine était dans sa chambre, sur son lit et le roi était, sautant d’escabeau en escabeau, {a} tout auprès. Les princes de Condé, de Conti et le duc de Longueville, s’appuyant sur un petit bâton, y vinrent.
Le roi dit : “ Maman dit que l’on passe en la galerie. ” Tout le monde y passa. Alors l’abbé de La Rivière, qui là était en l’absence du duc d’Orléans, disparut.

M. le Prince étant debout, proche la table qui est dans ladite galerie de la reine où elle tient ordinairement sa séance du Conseil, près de la cheminée, le sieur de Guitaut, capitaine des gardes de la reine, entrant là, son épée au côté et sans manteau, s’approcha dudit prince de Condé doucement et lui dit : “ Monsieur, j’ai commandement de la reine de vous arrêter tous trois. ” Le prince ne répondit rien, sinon : “ Au moins, M. de Guitaut, mettez-nous en lieu chaud. Où sera-ce ? ” Guitaut répondit : “ J’ai ordre de vous conduire au Bois de Vincennes. ”

Et s’en allant à la cheminée, le prince tourna le dos au feu et face à la compagnie, et voyant M. le Chancelier, lui dit : “ M. le Chancelier, je vous prie, allez dire à la reine (elle était passée de la chambre en un cabinet à côté comme pour y prendre son orangeade accoutumée) que Guitaut me vient arrêter de sa part. ” Et puis, parlant aux trois secrétaires d’État (M. Le Tellier n’y était pas), à M. de Bailleul et MM. d’Avaux et Servien, ministres, qui étaient aussi là : “ Messieurs, nous voilà arrêtés, et je m’en étonne car j’étais ami de M. le cardinal et serviteur de la reine. ”

Adonc {b} le prince de Conti s’assit sur un bas siège, en un coin de la cheminée, et M. de Longueville parut interdit. […]

Après que les trois prisonniers furent descendus pour être emmenés, la reine entra dans la galerie et demi émue et attristée, elle dit : “ Ce que je viens de faire est en mon corps défendant. J’ai longtemps différé et patienté, mais enfin, où il y va du salut de celui-ci (montrant le roi qui était entré avec elle), il n’y a chose à quoi je me résoude. ”

Le cardinal Mazarin, qui aussi était entré, se mit à dire la pressante avidité du prince de Condé à qui rien ne suffisait, non pas même si on ne lui eût donné la couronne : il était à présent après l’épée de connétable ; il mariait la fille d’Erlach à son favori, La Moussaye, et la duchesse de Châtillon au comte du Dognon, comme il avait déjà fait Mme de Pons au duc de Richelieu. Puis se mit sur le bout de la table à écrire. »


  1. De tabouret en tabouret.

  2. Alors.

Mazarin fit preuve de la plus inflexible habileté jusqu’à ce dernier coup de la partie qu’il jouait contre Condé depuis septembre 1649 (La Rochefoucauld, page 153) :

« le cardinal, pour ajouter la raillerie à ce qu’il préparait contre M. le Prince, lui dit qu’il voulait, ce jour-là même, {a} lui sacrifier les frondeurs, et qu’il avait donné ses ordres pour arrêter Des Coutures qui était le principal auteur de la sédition de Joly et qui commandait ceux qui avaient attaqué ses gens et son carrosse au Pont-Neuf ; mais que, dans la crainte que les frondeurs se voyant ainsi découverts, ne fissent quelque effort pour le retirer {b} des mains de l’officier qui le devait emmener au Bois de Vincennes, il fallait que M. le Prince se donnât le soin d’ordonner les gendarmes et les chevau-légers du roi pour le conduire sans désordre. M. le Prince eut alors toute la confiance qu’il fallait pour être trompé. Il s’acquitta exactement de sa commission et prit toutes les précautions nécessaires pour se faire mener sûrement en prison. »


  1. 18 janvier.

  2. Des Coutures.

Des faits plus graves s’ajoutaient aux griefs prononcés par Mazarin contre Condé : ses encouragements à la révolte des Bordelais contre leur gouverneur, le duc d’Épernon ; son rassemblement de troupes, avec l’intention qu’on lui prêtait d’enlever le jeune roi et de gouverner sous son nom (R. et S. Pillorget page 511).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 1er février 1650, note 2.

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(Consulté le 13/12/2024)

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