Le livre v des commentaires de Galien « sur les Lieux [organes] affectés » [περι των πεπονθοτων τοπων] d’Hippocrate contient de nombreuses pages sur les hépatiques (patients atteints de maladie du foie). On trouve en particulier dans le chapitre ix cette remarque sur les changements qu’ils peuvent présenter dans leur couleur de peau (Daremberg, volume 2, page 654‑655) :
« Dans les ictères, le foie est-il toujours le lieu affecté, ou bien quelque autre diathèse produit-elle cette affection ? C’est la question à laquelle nous passons maintenant et que nous allons examiner. On voit parfois, sans que ce viscère soit aucunement affecté, un épanchement de bile jaune se produire à la peau en temps de crise, comme il se produit aussi des dépôts d’autres humeurs. On voit aussi parfois, et sans qu’il y ait crise, le sang vicié par une cause étrangère se transformer en bile, comme il arrive à la suite de morsures d’animaux venimeux. {a} Un des esclaves de l’empereur [Marc-Aurèle] qui ont pour fonction de chasser les vipères, ayant été mordu, prit pendant quelque temps en potion des médicaments ordinaires ; mais comme sa peau changeait de couleur au point de prendre la teinte du poireau, il vint me trouver et me raconter son accident. Après avoir bu de la thériaque, il recouvra promptement sa couleur naturelle. Puisque les médecins recherchent s’il existe des signes propres de l’empoisonnement, parce qu’on voit souvent, sans qu’il y ait eu administration de poisons, le corps arriver à une corruption d’humeurs semblable à celle qui est produite par les poisons, il n’y a rien d’étonnant qu’il survienne parfois dans les humeurs un changement tel que tout le corps soit frappé de jaunisse. Une telle perversion d’humeurs peut encore être produite par une altération dans le tempérament naturel du foie lui-même, sans qu’il y ait obstruction, inflammation ou squirre. {b} Cela se voit manifestement, car parfois le corps tout entier prend une teinte d’herbe jaune pâle, parfois une couleur analogue à celle du plomb ou même plus foncée que cette dernière, ou enfin d’autres nuances de couleurs qu’on ne saurait exprimer, le foie fonctionnant mal, sans offrir de tumeurs contre nature. La rate produit des teintes de cette espèce, beaucoup plus noires que celles qu’engendre le foie, difficiles à expliquer, mais très faciles à reconnaître quand on en a vu souvent. »
- Ictère par hémolyse, survenant à la suite d’une envenimation.
- Cirrhose.
On peut raisonnablement conclure de cette référence que le malade avait une jaunisse (ictère), phénomène lié à l’augmentation de la concentration des pigments biliaires (bilirubine) dans le sang. V. note [2], lettre 122, pour ses causes : insuffisance (« débilité ») hépatique (hépatites, dont certaines peuvent être dues à un empoisonnement), obstruction des canaux biliaires (lithiase, compression), destruction des globules rouges (où la rate peut jouer un rôle). |