À Charles Spon, le 6 décembre 1644, note 26.
Note [26]

François Vautier (Arles 1580-Paris 4 juillet 1652) avait été reçu docteur en médecine de la Faculté de Montpellier en 1612. Son passé de médecin à la cour avait été fort chahuté. D’abord, Marie de Médicis l’avait choisi pour premier médecin en 1624. Dans ce poste, il s’était attiré la haine de Richelieu par ses tentatives de coaliser contre lui les deux reines (Marie de Médicis et Anne d’Autriche) ; il en perdit sa charge de premier médecin en 1629, pour être remplacé par André Du Chemin.

Arrêté à Senlis après la Journée des Dupes (11 novembre 1630, v. infra, note [35]), puis emprisonné à la Bastille, Vautier n’en était sorti qu’à la mort du cardinal (décembre 1642). Tout à fait revenu en grâce, il avait soigné Louis xiii dans sa dernière maladie (avril-mai 1643), et allait, en 1646, être bel et bien honoré du titre de premier médecin du jeune roi Louis xiv, à la mort de Jacques ii Cousinot. Il se fit concéder en cette qualité la surintendance du Jardin du roi et en 1649, le bénéfice de l’abbaye de Saint-Taurin d’Évreux. Vautier fut le véritable créateur de l’enseignement anatomique au Jardin du roi, et parmi les premiers à mettre en vogue à Paris le vin émétique d’antimoine et le quinquina. Grand zélateur de ces nouveaux médicaments, il fut exécré de Guy Patin qui en a dit beaucoup de mal dans ses lettres. Vautier n’a laissé ni descendance, ni ouvrage imprimé (G.D.U. xixe s. et Dulieu).

Vautier et Jean ii Riolan avaient successivement servi de médecins à Marie de Médicis avant puis après sa disgrâce (1630-1642). Une fois Louis xiii mort (1643), Riolan ne trouva jamais sa place à la cour et dut se contenter des honneurs académiques ; mais bien plus roué politique que lui, Vautier sur reprendre le plus haut rang médical auprès du jeune roi et de sa mère. Riolan en conçut beaucoup d’amertume ; il la transmit à Patin, son fils spirituel, qui y trouva une raison supplémentaire de haïr Vautier et plus généralement, tous les médecins auliques (courtisans).

Pour montrer la très haute idée que Vautier se faisait de lui-même, Adam cite l’épitaphe qu’il aurait composée pour son propre tombeau :

Antiquam Arelatensis imperii gloriam restituit natalibus suis.

[Il a rendu à ses compatriotes la gloire antique du royaume d’Arles].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 décembre 1644, note 26.

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(Consulté le 11/12/2024)

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