À Hugues II de Salins, le 15 novembre 1657, note 28.
Note [28]

« Les chimistes mentent pour favoriser leurs fleurs de soufre dans les maladies des poumons ».

Soufre (Furetière) :

« Minéral fossile engendré d’une substance terrestre, onctueuse et inflammable. Les chimistes l’appellent divin, et semence masculine, premier auteur de la nature, des choses métalliques. Il est de substance si ferme que la longueur du temps ne le peut corrompre, quoiqu’on le tienne dans l’eau, à moins qu’il ne soit brisé dans un mortier et mêlé avec de l’ail, comme dit Biringuccio en sa Pyrotechnie. {a} Le soufre naît dans la terre de sa graisse, et de l’écume des feux sousterrains ; car de même que la suie est l’écume ou la graisse du feu ordinaire, de même le soufre est la suie provenant de l’inflammation des matières souterraines. C’est une huile de la terre qui se fige comme la graisse dans le corps des animaux. Il y en a de blanc, de jaune et de verdâtre. Celui-ci est le meilleur. Il est ou pur, ou mêlé avec la terre, ou des eaux, dont on le sépare par art. Le soufre vif est la glèbe ou terre soufreuse de couleur tannée, de laquelle on tire le soufre ordinaire avant sa première fonte. Le soufre est une des trois parties qui composent la poudre à canon, et qui lui fait prendre feu aisément. Les volcans ne brûlent qu’à cause que ce sont des mines de soufre qui sont allumées. On appelle magdalon de soufre, ces petits rouleaux de soufre qu’on vend chez les apothicaires. On doit mettre dans le bain d’alun les soies blanches sans soufre. L’or perd sa couleur étant exposé aux vapeurs du soufre, et se rétablit en le faisant bouillir dans l’eau avec du tartre. Sa vapeur blanchit aussi les soies, et les roses rouges, et même des corbeaux pris dans leur nid deviennent blancs, étant exposés à sa fumée.

Fleurs de soufre, c’est le plus pur du soufre, qui s’attache au chapiteau du vaisseau ou alambic, quand on le sublime par le feu ; et on les appelle fleurs blanches quand on les distille avec du nitre calciné, et fixé avec le soufre. » {b}


  1. La Pyrotechnie ou art du feu, contenant dix livres, auxqules est amplement traité de toutes sortes et divesité de minières, fusions et séparation des métaux : des formes et moules pour jeter artilleries, cloches, et toutes autres figures : des distillations, des mines, contremines, pots, boulets, fusées, lances, et autres feux artificiels, concernant l’art militaire, et autres choses dépendants du feu. Composée par le seigneur Vanoccio Biringuccio Siennois. Et traduite de l’italien en français par feu maître Jacques Vincent (Paris, Claude Fremy, 1556, in‑4o illustré de 457 pages, livre 2, chapitre ii, page 63).

  2. V. première notule {a}, note [9] de l’Observation ii de Guy Patin et Charles Guillemeau, pour la distinction générale que faisaient les chimistes entre le « soufre » (partie huileuse et inflammable) et le « mercure » (partie liquide) des minéraux et des végétaux.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 15 novembre 1657, note 28.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0503&cln=28

(Consulté le 01/11/2024)

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