À Charles Spon, le 20 décembre 1652, note 29.
Note [29]

Journal de la Fronde (volume ii, fo 186 ro et vo, Paris, 12 décembre 1652) :

« Les lettres de Bordeaux du 5 confirment la conspiration que vous avez sue et portent que l’exécution s’en devait commencer par un capitaine nommé Magdelaine, que M. de Marsin avait mis pour commandant dans Casteljaloux. {a} Ce capitaine s’était chargé de se défaire de M. le prince de Conti et de MM. de Marsin et de Balthazar ; et pour cet effet, il avait prié ce prince de venir dîner chez lui avec les deux autres et avait engagé quelques personnes qui lui étaient affidées d’assister à l’exécution de ce dessein ; entre autres, un sergent de sa compagnie, lequel, touché de quelques remords, alla déclarer ce secret à M. de Marsin le jour que l’affaire se devait exécuter, à huit heures du matin, ce qui obligea celui-ci d’aller d’abord chez ce capitaine qu’il trouva couché avec une femme ; et dès qu’il l’aperçut, lui tira un coup de pistolet dans l’estomac, et lui en ayant voulu tirer un autre, cette femme le reçut dans la cuisse, s’étant mise devant lui. Ce capitaine vécut encore sept ou huit heures, pendant lequel temps il avoua tout le dessein et dit qu’en même temps on devait exciter sédition dans Bordeaux pour s’y assurer de Mme la Princesse, < de > Mme de Longueville et du petit duc d’Enghien ; dont M. de Marsin donna promptement avis à M. le prince de Conti, lequel ayant fait les plaintes que vous avez sues au parlement, le conseiller Massiot, qu’il accusa comme principal auteur de cet attentat, lui répondit qu’il n’avait jamais conspiré contre des personnes dont la conservation était si chère, mais qu’il était vrai qu’il avait fait tous ses efforts pour prendre les principaux auteurs de l’Ormée, qu’il avait cru que l’honneur et l’intérêt du parlement l’y devaient obliger et que toute la Compagnie s’y devait employer à exterminer cette faction. Les contestations furent si grandes là-dessus et le parlement s’y trouva si divisé que depuis le matin jusqu’à la nuit, on ne put rien délibérer, et il fallut se séparer sans rien faire. On pria seulement M. le prince de Conti de ramener Massiot en sûreté dans sa maison ; ce que ce prince ayant promis, le fit mettre dans son carrosse et lui dit que, pour être plus en sûreté, il serait mieux à l’hôtel de ville, de peur que l’Ormée n’allât assiéger sa maison. Néanmoins, ses confrères s’étant plaints de cette action, comme s’il l’eût voulu mettre en prison, il l’alla tirer le lendemain au matin et le ramena au Palais, où l’on ne prend encore aucune résolution à cause qu’il ne s’y trouva que 12 conseillers de reste, n’ayant osé s’y trouver, crainte d’insulte de l’Ormée. À même temps, il se fit une assemblée des notables des bourgeois de la ville, où ceux-ci signèrent une nouvelle union avec ce prince ; mais l’Ormée étant survenue là-dessus et ayant fait grand bruit, ils ne voulurent jamais s’unir avec elle ; et cette affaire y était encore dans la même confusion lorsque l’ordinaire en est parti. Cependant, M. de Marsin avait repris Le Mas d’Agenais {b} d’où l’on mande que le duc de Candale était arrivé à Montauban, dont les lettres ne sont pas encore venues. »


  1. Dans le département du Lot-et-Garonne, à mi-chemin entre Agen et Langon.

  2. Dans le même département.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 décembre 1652, note 29.

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(Consulté le 19/04/2024)

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