« De Francfort, le 12 mai 1658. Les électeurs s’assemblent presque tous les jours et néanmoins, avancent si peu l’affaire qui touche le plus les partisans de la Maison d’Autriche qu’ils en sont grandement mortifiés ; car bien qu’ils ne doutent pas que quelques-uns soient entièrement attachés aux intérêts du roi de Hongrie, n’ignorant pas aussi que le Collège électoral fait grande réflexion sur les raisons des autres, pour l’engager, avant toute chose, à délibérer sur les griefs de la France et de la Suède, ils craignent non seulement que l’élection en soit beaucoup reculée, mais aussi la ruine de la plus grande partie de leurs injustes prétentions. Sa Majesté hongroise témoigne pareillement d’extrême impatience de ce qu’on diffère si longtemps à la faire monter au trône impérial. Mais encore que pour parvenir plus aisément à cette dignité, elle soit obligée de paraître très pacifique, les Espagnols n’ont pu s’empêcher de dire à leurs confidents qu’incontinent après son élection, quelque assurance qu’elle eût donnée du contraire, elle avait résolu de se déclarer ouvertement contre le roi de Suède ; ce qui a obligé son résident de présenter à ce Collège un mémoire par lequel il demande que, puisque ce prince, {a} pour se rendre plus agréable aux électeurs qui ne regardent que la tranquillité de l’Empire, témoignait vouloir observer exactement la paix de Münster, il fasse incessamment revenir ses troupes qui sont en Pologne. »
- Le roi de Suède.