< L. 527.
> À Charles Spon, le 24 mai 1658 |
Codes couleur
×
×
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 24 mai 1658
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0527 (Consulté le 05/12/2024) | ||||||||||||
Monsieur mon très honoré et très cher ami, [a][1] Je vous envoyai ma dernière le 7e de mai. Depuis ce temps-là, vous saurez que jusqu’ici le roi [2] a toujours été à Amiens. [3] On fait marcher du canon, mais on ne dit pas encore le nom de la ville que l’on assiégera : les uns disent Gravelines, [4] les autres Hesdin. [5] Le Mazarin [6] avait envoyé Mme de Fargues, [7] d’Amiens à Hesdin, pour aller traiter avec son mari [8] afin de le ramener, et Hesdin aussi, à notre parti ; et pour cet effet, lui avait donné 2 000 pistoles ; mais après avoir longtemps attendu sa réponse, elle lui a mandé qu’elle était en puissance de mari qui la retenait près de soi et qu’elle ne pouvait retourner. On a envoyé le chevalier de Montgaillard [9] vers Cromwell [10] pour accorder avec lui, et par après on fera le siège. [1] Les deux traîtres du cardinal de Retz [11] sont prisonniers à Cologne. [12] Pour la chère vôtre que je viens de recevoir, datée du 7e de mai, je vous en rends grâces très humbles. Je suis bien aise d’y apprendre des nouvelles de votre bonne santé. Votre Basset [13] est merus nebulo, [2] tout son fait n’est que sottise et vanité, j’aime bien mieux M. Parker, [14] est sapiens et bene moratus. [3] Je suis bien aise qu’il n’ait guère demeuré en Italie, sa venue et son retour me donnent de la joie. Pour le mot de Egothea, je n’en sais non plus que vous, si ce n’est quelque composition narcotique à qui on ait voulu donner ce nom spécieux Egothea, qui serait le féminin de Egotheos, [4][15] comme Manus Christi perlata, et Unguentum apostolorum, Athanasia, et aliæ miræ felicitatis inscriptiones propter quas vadimonium deseri possit, [5][16][17][18] à ce que dit Pline [19] dans sa belle préface. Cela se pourrait rencontrer dans quelque vieux antidotaire, [20] qui est une espèce de livres que je n’aime point et desquels je me passe aisément. Je vous supplie de faire mes très humbles recommandations à MM. Gras et Gonsebac, auquel j’ai bien de l’obligation de se souvenir de moi ; comme aussi pareillement à cette bonne et précieuse femme que j’honore de tout mon cœur. Elle a bien fait de se faire saigner car j’ai mauvaise opinion de l’été prochain, je pense qu’il nous produira bien des maladies. On dit que le roi de Suède [21] ne remuera point cette année, c’est assez qu’il se fasse considérer par le roi de Hongrie [22] qui a bien d’autres affaires. On dit qu’un Portugais nommé Diaz [23] a fait à Rouen une grande banqueroute. [24][25] Celle de M. Bidal [26] est ici arrêtée à six ans de terme, mais on doute néanmoins si cet accord pourra jamais réussir. Il court ici une étrange nouvelle de l’infant d’Espagne : [27] on dit que ce petit prince, âgé de six mois, est sujet à une suppression d’urine [28] et qu’il ne pisse qu’avec la bougie, [29] ex quo iudicatur non diu superfuturus ; [6] voilà une belle succession pour sa sœur et pour celui qui l’épousera. [7] Ce 15e de mai. Les dernières nouvelles qui sont venues de Francfort, [30] portent que le roi de Suède a écrit une lettre toute pleine d’orgueil, de menaces et de rodomontades à Messieurs les électeurs, ce qui a fort alarmé leur Collège, et même qui a mis du divorce et du désordre parmi eux ; l’électeur de Bavière [31] n’y est pas encore arrivé. [8] On dit que le roi de Suède, entre autres, les menace d’entrer en Silésie [32] avec une grande armée qu’il a s’ils ne lui donnent contentement ; on dit qu’il a force cavalerie. Les jésuites [33] sont ici assemblés en grand nombre et tiennent un chapitre national pour aviser aux affaires de leur feinte Communauté et aux désordres de leur prétendu Ordre. Ils avaient fait un livre de Théologie morale touchant les cas de conscience que la Sorbonne [34] de présent examine, et en a déjà censuré huit diverses propositions, sans celles qui viendront. Ils l’ont vendu et publié, et puis après ils l’ont supprimé. M. le chancelier [35] leur en avait refusé le privilège et leur avait dit que ce livre ne devait pas être imprimé, ils ne l’ont pas voulu croire. Le syndic de Sorbonne leur en avait pareillement refusé l’approbation et néanmoins, ils n’ont pas laissé de le mettre en lumière. L’auteur en est un de leurs pères nommé le P. Pirot, [36] Breton. [9] Les députés de Sorbonne en sont aujourd’hui sur les articles de l’usure, qui seront aussi condamnés. Cette censure les fâche fort et n’ont pu l’empêcher, ni par le Mazarin, ni par leur P. Annat, [37] confesseur du roi, ni par M. le chancelier qui jusqu’ici les a toujours protégés et défendus. Ce P. Annat avait ici un neveu âgé d’environ 32 ans qu’il voulait faire avocat au Conseil, il s’appelait Baleste, [38] je l’ai connu et traité malade, il était d’auprès de Rodez. Ce confesseur du roi lui avait fait donner une commission en ce pays-là pour quelques bénéfices, où le pauvre garçon a été tué. On dit que c’est un conseiller du parlement de Toulouse [39] qui l’a fait assassiner. Cet oncle fait rage à la cour pour tâcher de venger la mort de son cher neveu, nec proficit hilum, [10] c’est qu’il n’y a point de crédit. On dit que le roi, la reine, [40] le Mazarin et toute la cour sont sortis d’Amiens à cause que tout y manquait et que la cherté y était si grande qu’il n’y avait plus moyen d’y vivre. Il n’y avait même plus de foin, ni d’avoine, la nourriture d’un cheval y coûtait 100 sols par jour. Ils sont allés à Abbeville [41] et delà iront à Montreuil, [42] qui n’est qu’à cinq lieues d’Hesdin, qui est la ville que l’on s’en va, ce dit-on, assiéger, et que Cromwell même en est d’accord, s’offrant d’y contribuer de son côté des vivres et des hommes ; mais comme Montreuil est une ville fort petite, le roi n’y demeurera guère, on dit qu’ils iront à Péronne. [43] Les nouvelles de Francfort portent que le roi de Hongrie, voyant que les électeurs ne sont pas prêts de procéder à sa nomination, délibère de s’en retourner en son pays à cause du roi de Suède, qui a une armée de 30 000 hommes, qui s’en va se ruer sur quelqu’un qui ne s’en doute pas. Mais il y en a bien ici qui disent que ces nouvelles en faveur du roi de Suède sont fausses, qu’elles sont supposées tout exprès, que le roi de Hongrie sera bientôt élu empereur, qu’il n’a rien à craindre du côté du roi de Suède, qu’il y a une ligue offensive et défensive entre le roi de Pologne, [44] l’électeur de Brandebourg [45] et ledit roi de Hongrie, et qu’il n’y a rien à craindre pour l’Allemagne du côté du roi de Suède qui n’est pas en état de faire une telle entreprise. [46] Ce 18e de mai. On dit que toutes nos troupes ont passé la Somme et qu’elles sont alentour d’Hesdin, que l’on va assiéger avec 30 000 hommes. De Fargues et La Rivière [47] ne sont plus dedans, ils en sont sortis et se sont retirés en Flandres [48] avec leur argent. C’est le prince de Condé [49] qui est maître d’Hesdin, et les gens duquel commandent là-dedans. Il est bien vrai qu’Hesdin semble investie et que l’armée est là alentour, mais néanmoins il ne s’ensuit point que ce soit pour l’assiéger tout de bon. On dit qu’il y a un autre dessein de plus grande importance, que l’on verra dans huit jours. Il y en a même qui disent que le roi ira vers Metz [50] et que l’on fera passer notre armée en Allemagne, quod non credo. [11] Ce 19e de mai. Mais voilà votre dernière, datée du 14e de mai, pour laquelle je vous remercie. Je rendrai votre lettre à M. de La Fontaine [51] dès qu’il sera de retour. Il est allé à Bordeaux où deux de ses frères se doivent trouver, je pense qu’il y a quelque noce. Il m’a dit adieu en partant, et qu’il ne sera pas deux mois en tout son voyage et qu’il reviendra ici pour y être un an entier. Il assistait à mes leçons auxquelles il prenait grand goût, et me témoigna qu’il avait grand regret de les perdre, ce qu’un autre sien compagnon m’a depuis son départ rapporté de lui. S’il revient à Paris, je lui rendrai votre lettre, sinon je lui enverrai à Amsterdam [52] alors que j’aurai appris qu’il s’y sera retiré. Enfin, votre Basset est-il tout à fait reçu ? J’ai céans le premier tome de l’Avicenne [53] de M. Plempius, [54] je ne sais quand viendra le reste. [12] Notre M. Le Rat [55] est mort il y a longtemps, il y a plus de 20 ans ; il était devenu tout mélancolique, [56] et n’a rien laissé que je sache. [13] M. Dinckel [57] n’est pas dans Loudun [58] même, à ce que j’ai appris, mais là auprès, quelque part en une maison de campagne. Votre lettre pour M. Laugier fut envoyée en même temps à la poste de Blois. [59] Je vis hier [60] dans la Couture de Sainte-Catherine [61] un jeune homme de Paris malade, [14] où je fus mené par Monsieur son père. Ce sont des moines de la congrégation de Saint-Augustin, ou autrement chanoines réguliers, [62] comme ceux de Sainte-Geneviève, [63] où l’on me montra un jeune homme parisien qui s’y est rendu depuis peu, nommé Gervais, [64] fils d’un apothicaire de Paris, que j’ai connu. Il avait étudié en médecine, s’était fait passer docteur à Montpellier [65] et avait ici planté son piquet, pensant y travailler par le moyen de ses frères et beaux-frères pharmaciens ; mais sentant que son épée était trop courte, certa rerum suarum desperatione, fecit se monachum, [15] comme fit le Turisanus [66] qui a été le plus quam commentator in {Aristotelem} Avicennam < sic pour Galenum >, [16][67] et le Scipio Mercurius [68] qui a fait un tome in‑4o d’erreurs populaires en italien ; [17] celui-ci se rendit jacobin et l’autre se fit chartreux, sic desperatio facit monachum. [18][69][70] J’appris hier à neuf heures du soir une nouvelle qui me plaît fort : c’est que quelques libraires d’Angleterre ayant appris qu’un cordelier nommé le P. Le Jay [71][72] faisait ici imprimer une grande Bible, [73] laquelle tiendra 15 volumes in‑fo, avec les commentaires sur chaque passage tirés par lui et extraits des meilleurs auteurs, mais particulièrement jésuites, desquels tous il est le bon ami, ainsi eux, imitant ce beau dessein, font une autre Bible à leur mode, [74] laquelle ne contiendra que huit tomes et aura les extraits des meilleurs commentateurs, non pas de grege loyolitico, [19] mais des réformés, comme Calvin, [75] Bèze, [76] Spanheim, [77] etc. Elle ne tiendra que huit tomes, dont il y en a déjà six de faits ; dès qu’il y en aura ici, j’espère de m’en donner une. C’est M. Du Laurens, [78] conseiller de la Cour, neveu de celui qui a fait l’Anatomie, [20][79] qui m’a appris cette nouvelle et qui en achètera pareillement un. Je vous prie de me mander à quel prix MM. Anisson et Devenet ont mis les six tomes (qui font tout l’ouvrage) de feu M. Gassendi [80] car je tiens pour certain, à ce que nous dit ici M. Henry, [81] que le tout sera très achevé avant que la présente vous puisse être rendue. On dit ici que ceux de Genève méditent de faire une nouvelle édition de toutes les œuvres de Calvin en plusieurs tomes in‑fo et ensuite, qu’ils en feront autant de celles de Théodore de Bèze. Enfin, après le Heurnius [82] achevé, MM. Huguetan et Ravaud [83] commencent-ils le Cardan ? [84] Combien tiendra-t-il de volumes ? Et après tant de peines, souffrez que je vous en fasse encore une : dites-moi s’il vous plaît, tu qui es πανεπιστεμων, [21][85] mais tout autrement plus savant que celui de l’auteur François, [86] combien qu’il en sût plus que Panurge, [87] quelle différence mettez-vous entre les deux livres que Galien a faits de compositione medicamentorum, dont l’un est intitulé κατα τοπους, et l’autre κατα γενη. [22] Il y a bien là-dedans du fatras de remèdes dont on se passe aujourd’hui fort aisément ; mais donc cui bono ? [23] N’est-ce pas que tunc gemebat medicina sub pondere ac tyrannide της πολυφαρμακιας, [24][88] et aujourd’hui l’on s’en passe fort aisément en faisant mieux et plus sûrement ? Ce 20e de mai. On dit que le roi est à Dompierre, [25][89] à trois lieues d’Hesdin ; mais quelque mine que l’on fasse, on croit que le dessein n’est pas d’assiéger Hesdin, mais Dunkerque ; [90] à cause de quoi les troupes avancent devers là, et ce pour contenter Cromwell selon la promesse qu’on lui a faite. Le prince de Condé a envoyé à l’assemblée de Francfort, où sont les électeurs, un député de sa part, qui est le sieur Marsin. [91] M. de Turenne, [92] consulté sur le siège d’Hesdin, a dit qu’il ne le voulait point entreprendre, qu’il tenait cette place imprenable, vu qu’il y avait là-dedans 4 000 hommes et des provisions pour deux ans, et qu’il n’y fallait pas penser pour la présente année. Ce 21e de mai. Para assem et habebis fabulam. [26][93] Voici un beau commencement de campagne : tandis que nous marchandons Hesdin et que l’on fait courir le bruit qu’il n’est pas tout à fait perdu pour nous, et que le roi est là alentour, le maréchal d’Aumont, [94] gouverneur de Boulogne, [95] était après pour surprendre Ostende [96] dans laquelle il avait une intelligence, mais elle s’est trouvée double et captor capta captus in urbe fuit. [27][97] Il y est entré avec l’intendant de justice, nommé M. Talon, [98] et 300 hommes, suivi de quelques vaisseaux où il y avait plusieurs officiers et soldats du régiment des gardes et plusieurs Anglais, qui tous ensemble ont été faits prisonniers. On dit qu’ils sont bien seize cents en tout, sans quelques Anglais qui ont été poignardés ou qui sont pris, de numero nondum constat. [28] M. d’Aumont a été mené prisonnier à Gand, [99] etc. Voilà une grande mortification contre tant de belles espérances que nous avions. Nous avons ici notre bonhomme M. Guérin [100] bien malade. Il est l’ancien [101] de notre Compagnie et a succédé à M. Riolan. Laborat febricula cum fœtida diarrhæa [29] et a 86 ans passés, qui est la plus mauvaise pièce de son sac. M. Henry tient ici que toute l’impression est achevée pour M. Gassendi, mais il ne peut venir à bout de Nanteuil, [102] qui le fait étrangement chevaler : [30] il a par ci-devant trouvé divers prétextes de son infidélité (car il y a huit mois entiers qu’il devrait avoir rendu ladite planche selon l’accord qu’il avait fait, sur quoi 10 pistoles lui furent avancées) ; mais aujourd’hui il s’en prend à l’inégalité du temps et dit que faute de beau jour, bien clair et net, il ne peut achever, que les rais du soleil et la clarté du jour sont trop sombres. Tous les bons ouvriers en sont là, on ne peut rien avoir d’eux qu’à force de patience et après avoir fort longtemps attendu après leur caprice. Il n’y a encore rien d’assuré touchant la ville que nous assiégerons, d’autant que l’affaire d’Ostende nous a fort brouillés, nous y avons perdu beaucoup d’hommes et même beaucoup d’argent. Il y a grand bruit dedans Gien [103] et Sully [104] pour les liards, [105] et beaucoup de peuple révolté. [31] On imprime en Hollande plusieurs traités de feu M. Io. Ger. Vossius [106] car, outre son traité de Philosophia et sectis philosophorum qui est achevé, à ce que j’apprends par une lettre que m’a fait voir M. Henry, on y imprime un tome nouveau qui aura pour titre Theses theologicæ, une nouvelle Rhétorique, un Pomponius Mela avec des commentaires, [107] et autres qui suivront. [32] Ce 23e de mai. Voilà M. Henry qui me vient d’apporter une épreuve de la planche du portrait de feu M. Gassendi (il me semble qu’il n’est pas mal fait), et y est aussitôt retourné sur ses pas pour y faire amender quelque faute qui s’y est trouvée en l’écriture ; j’entends aux vers qui sont au-dessous. J’espère que cette planche partira demain par le messager de Lyon. Nanteuil a touché l’argent et a bien fait attendre. C’est un martyr que d’avoir affaire à telles gens, qui promettent tout et qui ont tant de peine à s’acquitter de leurs promesses. Il court ici un libelle imprimé (il a par ci-devant couru manuscrit) intitulé Remontrance au roi, dans lequel, à ce qu’on dit (nec enim adhuc cum vidisse licuit, adeo rarus est), [33] il y a d’étranges vérités et des choses effroyables contre le Mazarin. Il faut que cela vienne de Flandres ou de Hollande car on ne peut pas avoir eu la hardiesse de l’imprimer ici, il y a trop de surveillants. On dit aussi que le pape [108] fait un livre de plaintes et de doléances dans lequel il décharge sa conscience et s’excuse vers la postérité de ce qu’en son pontificat il n’a pas pu venir à bout de faire faire la paix entre les deux couronnes ; mais quoi qu’on en dise, je tiens pour très certain que ceux de Rome, le pape, toute la papimanie et tous les arcs-boutants de cette tyrannie ultramontaine, ne sont pas marris en leurs âmes que nos affaires soient entre les mains d’un cardinal qui fait ici leurs affaires et leur envoie encore force de nos pistoles tous les ans sans que nous en recevions guère des leurs. Je crois que le pape ne se soucie guère de la paix générale, pourvu qu’il reçoive force argent à Rome de ses annates, [34] etc. Ce Iupiter Capitolinus est le premier partisan de la chrétienté et, ut hodie vivitur Romæ, [35][109] le pape ressemble mieux à Numa Pompilius [110] qu’à M. saint Pierre. [36] Pour ce livre imprimé contre le Mazarin, intitulé Remontrance au roi, plusieurs soupçonnent ici qu’il vient de la part du cardinal de Retz, ce qui n’est pas sans grande apparence. Je vis hier un mémoire qui vient de Francfort dans lequel il est parlé que le roi de Suède fait état d’entrer bientôt dans la Silésie avec une armée de 40 000 hommes, à cause de quoi la Maison d’Autriche se hâte de presser l’élection du roi de Hongrie pour empereur. [37] Le 24e de mai. Le roi est à Calais [111] avec son cher ministre d’État. Notre armée est avancée, elle a passé la Lys et est aujourd’hui vers Bergues-Saint-Winoc. [38][112] Enfin, voilà M. Henry qui vient de m’assurer que le portrait de feu M. Gassendi est parti aujourd’hui de Paris pour y arriver d’aujourd’hui huit jours. [39] Enfin, voilà les amis de feu M. Gassendi et tous ceux qui prennent intérêt à sa mémoire délivrés de la tyrannie de Nanteuil par le moyen et la diligence de M. Henry, et du messager de Lyon qui arrivera trois jours après la présente chez M. Anisson. Les jésuites sont ici fort humiliés, tant par la censure de Sorbonne qu’ils n’ont pu empêcher que par le nombre très grand des ennemis qu’ils ont ; à quoi n’aide pas peu le désordre du temps par lequel ils n’ont guère de crédit à la cour, combien que le P. Annat y soit confesseur du roi. Carissimam uxorem tuam saluto. Tu vive vale et me ama. Tuus aere et libra, [40] Guido Patin. De Paris, ce vendredi 24e de mai 1658. | |||||||||||||
| |||||||||||||
Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
|